Le géant français de l’uranium Orano (ex-Areva) a dénoncé ce vendredi 20 juin 2025 l’intention du gouvernement de Tiani de « s’approprier » sa filiale locale Somaïr, dont la nationalisation a été annoncée la veille par le régime militaire du Niger.
Orano fustige, à travers cette « volonté de nationalisation », « une démarche d’expropriation » et « s’élève contre cette politique systématique de spoliation des actifs miniers, en violation des accords liant le groupe et l’État du Niger dans la Somaïr », dans un communiqué.
Cette politique « illustre également une entreprise de désinformation et de discrédit à l’égard du groupe », regrette Orano.
L’exploitation de l’uranium au Niger est au centre d’un bras de fer entre le régime de Tiani qui a pris le pouvoir en 2023 à Niamey et le géant français Orano, dont le capital est détenu à plus de 90% par l’Etat français.
Le groupe français exprime « son plus profond regret concernant l’évolution de la situation et la position de l’État du Niger, qui pèsent lourdement sur les salariés des filiales minières du groupe au Niger ainsi que sur les communautés locales ».
Jeudi, la nationalisation de la Somaïr a été annoncée par la télévision nationale nigérienne, faisant le compte-rendu du conseil des ministres, dans les termes suivants: « Face au comportement irresponsable, illégal et déloyal d’Orano, société détenue par l’Etat français, un Etat ouvertement hostile au Niger (…) l’Etat du Niger décide en toute souveraineté de nationaliser la Somaïr ».
Le dossier est devenu un symbole des relations exécrables entre la France et le régime, qui se rapproche d’autres partenaires comme la Russie ou l’Iran.
Niamey accuse régulièrement Paris de vouloir le déstabiliser en « formant des terroristes », sans toutefois apporter de preuves concrètes de ces allégations.
En décembre 2024, Orano (ex-Areva) avait acté la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger: la mine de Somaïr, celle de Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren.
Ce dernier site est l’un des plus importants gisements d’uranium au monde, avec des réserves estimées à 200.000 tonnes, et Niamey a retiré à Orano son permis d’exploitation en juin 2024.
Mais le groupe français demeurait majoritaire à plus de 60% dans ces filiales, et a engagé « plusieurs procédures d’arbitrage international » contre l’Etat du Niger, dont la dernière remonte à fin janvier après la perte du contrôle opérationnel du site de la Somaïr.
Vendredi soir, Orano a rappelé avoir « engagé plusieurs procédures internationales d’arbitrage ».
Le groupe « entend réclamer la compensation de l’ensemble de son préjudice et faire valoir ses droits sur le stock correspondant aux productions de la Somaïr à date ».