Le directeur de publication du Courrier, important hebdomadaire au Niger, a été inculpé lundi 8 septembre 2025 notamment pour « diffamation », après une plainte du Premier ministre, a annoncé son journal.
Le Niger est dirigé depuis deux ans par un régime militaire dont la répression des voix discordantes est régulièrement dénoncée par des ONG internationales.
« Ali Soumana a été inculpé aujourd’hui (lundi) par un juge pour +diffamation et diffusion d’informations de nature à troubler l’ordre public+ », a précisé à l’AFP un journaliste de la rédaction du Courrier qui a souhaité garder l’anonymat.
M. Soumana est également accusé d’« atteinte à la dignité humaine », poursuit cette même source qui indique qu’il doit être transféré mardi 9 septembre 2025 à la prison de Say, à une cinquantaine de kilomètres de Niamey.
Ali Soumana avait été interpellé tôt dimanche 7 septembre 2025 et placé en garde à vue à la police à Niamey, selon ses proches.
Dans un article publié fin août 2025, le Courrier avait évoqué une affaire de « fraude de cigarettes » portant sur « plusieurs milliards de francs CFA » (plusieurs millions d’euros) impliquant plusieurs personnalités.
Le nom du Premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine avait été cité et ce dernier a porté plainte.
Avant cette affaire, d’autres journalistes ont été interpellés et incarcérés au Niger.
En juin 2025, deux journalistes de la radio privée Sahara FM, arrêtés début mai à Agadez (Nord), ont été incarcérés au sud de Niamey pour « atteinte à la Défense nationale » et « complot contre l’autorité de l’État ».
D’après des médias nigériens, le parquet de Niamey a requis début septembre cinq ans de prison contre Hassane Zada, un journaliste de Dosso (sud-ouest) accusé d’avoir proféré via un audio sur WhatsApp des propos » injurieux » contre le général Abdourahamane Tiani, le chef de la junte nigérienne.
M. Zada est également le coordinateur régional du M62, un Mouvement qui soutient le régime militaire.
Selon Amnesty, l’espace civique a été restreint au Niger depuis le putsch de 2023 et les violations des droits civils et politiques ont augmenté.
Dimanche 7 septembre 2025, une coalition de militants de la société civile, proche du régime déchu de Mohamed Bazoum ont lancé une coalition baptisée G25 dénonçant l’installation d’une « dictature » au Niger et appelant à la « fin de la mainmise militaire sur le pouvoir ».
Le Niger est 83ème sur 180 pays dans le classement 2025 de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans Frontières. Il a perdu trois places par rapport à 2024.
Avec AFP