Dans un geste qui ne manquera pas de susciter des remous diplomatiques avec le Niger, la France vient d’accorder l’asile politique à Rhissa Ag Boula.
Pourquoi des tensions diplomatiques ? Tout simplement parce qu’il est un ancien ministre du gouvernement de Mohamed Bazoum au Niger.
Cette décision, prise dans la plus grande discrétion, marque un nouveau chapitre dans les relations totalement tendues entre Paris et Niamey depuis le coup d’État du 26 juillet 2023.
Figure emblématique des rébellions touarègues et pilier du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Rhissa Ag Boula a joué un rôle central dans les gouvernements successifs de Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum.
Son exil forcé suite au putsch du général Abdourahamane Tiani l’a conduit à solliciter la protection de la France, une demande qui a trouvé une issue favorable le 31 juillet dernier.
La décision de l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) de lui accorder le statut de réfugié politique témoigne de la reconnaissance des risques encourus par l’ancien ministre en cas de retour au Niger. Cette mesure s’inscrit dans un contexte où plusieurs de ses anciens collègues sont actuellement en détention dans le pays.
Loin d’être un simple exilé, Rhissa Ag Boula s’est positionné comme une figure de proue de l’opposition à la junte militaire. La création du Conseil de la résistance pour la République (CRR) et son alliance récente avec le Front patriotique de libération (FPL) de Mahamoud Sallah laissent entrevoir la possibilité d’une résistance armée dans le nord du Niger.
Ce développement intervient alors que le régime de Tiani peine à stabiliser sa position sur la scène internationale, malgré le maintien de son pouvoir face aux sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
L’asile accordé à Rhissa Ag Boula pourrait être perçu comme un soutien tacite de la France à l’opposition nigérienne, risquant d’exacerber les tensions déjà vives entre les deux pays.
La décision française soulève également des questions sur l’avenir politique du Niger et le rôle que pourrait jouer la diaspora dans une éventuelle transition démocratique.
Elle met en lumière la complexité des enjeux géopolitiques dans la région sahélienne, où la France cherche à maintenir son influence tout en navigant dans des eaux diplomatiques de plus en plus troubles.