La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient d’opérer un gros changement dans sa politique concernant le Niger.
En effet, par un avis officiel daté du début avril 2025, l’institution financière régionale a mis fin au régime d’exception qui encadrait jusqu’alors les titres de dette émis par Niamey.
Cette décision, loin d’être anodine, s’inscrit dans un processus complexe de recalibrage des relations économiques et financières suite au retrait du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais aussi et surtout après une longue attente après le dernier coup d’État.
Le dispositif dérogatoire, instauré en janvier 2024, avait permis aux établissements bancaires de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) de maintenir les titres nigériens dans la catégorie des créances saines, malgré les turbulences politiques traversées par le pays.
Une mesure de sauvegarde qui visait avant tout à préserver l’équilibre du système financier régional face aux risques systémiques que pouvait représenter une dévalorisation brutale des titres nigériens dans les portefeuilles bancaires.
Cette normalisation comptable et prudentielle des titres nigériens témoigne clairement d’une amélioration tangible du climat de confiance envers le pays.
La BCEAO estime visiblement que les fondamentaux économiques du Niger se sont suffisamment stabilisés pour ne plus justifier un traitement particulier.
Par ailleurs, la fin de ce régime d’exception intervient dans un contexte particulier. Après sa sortie officielle de la CEDEAO, le Niger avait suscité des inquiétudes quant à sa place au sein de l’UMOA, dont la monnaie commune, le franc CFA, est adossée au Trésor français.
Des craintes que les autorités nigériennes s’étaient employées à dissiper en réaffirmant leur attachement à la zone monétaire commune.
Pour le Niger, cette décision représente un double tranchant. D’un côté, elle consacre le retour à une situation de normalité sur les marchés financiers régionaux, facilitant potentiellement ses futures émissions de dette.
De l’autre, elle supprime le filet de sécurité dont bénéficiaient ses titres, désormais soumis aux mêmes exigences d’évaluation que ceux des autres États membres.
Les observateurs du marché financier régional s’interrogent maintenant sur l’impact concret qu’aura cette mesure sur les prochaines émissions de titres nigériens.
Le pays devra probablement consentir des taux plus attractifs pour séduire les investisseurs, dans un contexte où sa signature souveraine reste sous surveillance.