L’Ordre des avocats du Niger a annoncé un arrêt de travail jeudi et vendredi pour protester contre la récente dissolution par le régime militaire des syndicats du secteur de la justice, selon une déclaration consultée mercredi par l’AFP.
Le Niger est dirigé par une junte militaire avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en juillet 2023.
Le ministre de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, a dissous la semaine passée cinq syndicats du secteur judiciaire.
Ces syndicats « n’œuvrent pas pour le bon fonctionnement du service public de la justice » mais « plutôt pour la promotion d’intérêts personnels qui tirent vers le bas » la Justice, a justifié le ministre de la Justice Alio Daouda à la télévision d’Etat, la RTN.
Mardi, le barreau nigérien a dénoncé ces dissolutions et réclamé « le rétablissement immédiat et sans conditions des syndicats du secteur judiciaire dans l’intégralité de leurs droits. »
« En prononçant la dissolution des syndicats du secteur de la justice, le pouvoir vise à réduire au silence ceux qui, par leur mission, garantissent l’indépendance de la justice », a-t-il écrit dans un communiqué.
Pour protester contre ces dissolutions, les avocats nigériens annoncent un arrêt de travail de deux jours « les jeudi et vendredi 14 et 15 Août 2025 ».
Mercredi, l’un des syndicats dissous, le puissant Syndicat autonome des Magistrats du Niger (SAMAN), a annoncé dans un communiqué avoir « déjà engagé des recours contre l’arrêté scélérat du ministre de l’Intérieur ».
« La justice ne doit être l’otage d’aucun pouvoir », a-t-il écrit.
En avril, la junte avait dissous trois autres syndicats: celui des Douanes et deux des Eaux et Forêts, conformément à la « Charte de la refondation » qui a valeur de constitution et qui interdit « formellement » aux forces de défense et de sécurité du pays l’exercice du droit syndical.
Le Syndicat unique de la police (SUPO) avait déjà été dissous définitivement sous un autre régime militaire dirigé par le général Ibrahim Baré Maïnassara (1996-1999).
L’armée et les forces paramilitaires (douane, eaux et forêts, police) sont engagées dans la lutte antijihadiste dans ce pays régulièrement frappé depuis une dizaine d’années par des attaques de groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.
Avec AFP