Un tournant diplomatique semble s’amorcer entre le Niger et les États-Unis, après plusieurs mois de relations tendues consécutives au coup d’État ayant renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023.
En effet, le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine a été reçu cette semaine à Washington par l’ambassadeur Troy Fitrell, haut responsable du Bureau des Affaires africaines au Département d’État américain, pour discuter de la relance de la coopération bilatérale.
Cette rencontre, annoncée ce vendredi 25 avril 2025 par le Département d’État américain sur son compte X, marque une évolution significative dans les relations diplomatiques entre les deux nations.
Au cœur des discussions figuraient les moyens de renforcer les liens politiques, économiques et commerciaux entre Niamey et Washington, laissant entrevoir une possible normalisation des rapports après une période de turbulence.
Cette initiative intervient dans un contexte particulier. Suite au coup d’État du 26 juillet 2023 qui a renversé Mohamed Bazoum, les relations entre les deux pays s’étaient considérablement détériorées.
En mars 2024, le Niger avait dénoncé les accords militaires avec les États-Unis, une décision qui avait entraîné le retrait progressif des forces américaines de leur base stratégique d’Agadez, située dans le nord du pays. Cette base constituait un point d’ancrage essentiel pour les opérations américaines de lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne.
Parallèlement à ces tensions, l’ambassade américaine à Niamey a récemment rouvert ses services consulaires à la mi-mars, après une suspension depuis le 31 décembre 2024.
Les autorités nigériennes avaient alors tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’un signe de crise diplomatique, mais plutôt d’une réorganisation interne du personnel consulaire américain.
Dans son communiqué consulté par l’agence APA, la représentation américaine a réaffirmé son « engagement à fournir au public des services de qualité, efficaces et sécurisés », ainsi que sa volonté de « faciliter les voyages légaux, soutenir les citoyens américains et renforcer les liens » entre les deux nations.
La visite du Premier ministre nigérien va aussi permettre d’approfondir la coopération économique, politique et sécuritaire entre le Niger et les États-Unis.
Les autorités de Niamey mettent régulièrement en avant leur engagement à améliorer l’environnement des affaires et à stimuler l’innovation, ce qui pourrait constituer un axe important dans la consolidation des relations économiques.
Cette rencontre revêt une importance particulière dans le contexte géopolitique actuel du Sahel, où le Niger, aux côtés du Mali et du Burkina Faso, a récemment formé l’Alliance des États du Sahel (AES), marquant leur éloignement de la France et une reconfiguration des alliances régionales.
Le rapprochement avec Washington pourrait signaler une volonté du Niger de diversifier ses partenariats internationaux, au-delà de ses relations avec la Russie qui se sont intensifiées depuis le coup d’État.
Les enjeux de cette reprise de dialogue sont multiples. Pour le Niger, il s’agit notamment de retrouver un soutien international face aux défis sécuritaires et de développement auxquels le pays est confronté. Pour les États-Unis, maintenir une présence et une influence dans cette région stratégique du Sahel demeure un objectif de politique étrangère, particulièrement dans le contexte de lutte contre le terrorisme et de compétition géopolitique avec d’autres puissances.