Niger : cette décision du pouvoir en place a facilité les voyages vers l’Europe

Niger : retrait du pays de la CEDEAO, le FMI avertit sur ce qui arriverait à Niamey s'il maintient sa position

Crédit Photo : The times of Israel / © iStock/Oleksii Liskonih

La décision prise par le pouvoir militaire au Niger d’abroger une loi controversée sur la migration a engendré un regain des flux migratoires à destination de l’Europe.

C’est le constat alarmant fait par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) dans un rapport récent.

Depuis la fin de l’année 2023, les flux transfrontaliers de migrants en provenance ou à destination du Niger ont significativement augmenté, note l’agence onusienne. Cette hausse coïncide avec l’annulation de la loi 036/2015 interdisant le trafic illicite de migrants.

Proposée par l’Europe, quelle est cette loi au Niger ?

Pour rappel, cette loi, adoptée en 2015 sous la pression de l’Union Européenne, faisait du Niger un partenaire privilégié dans la lutte contre l’immigration irrégulière vers l’Europe.

Elle criminalisait les réseaux de passeurs et permettait de réprimer les flux migratoires illégaux traversant le territoire nigérien.

Mais elle avait aussi soulevé de vives critiques au Niger. En effet, de nombreux habitants des régions désertiques du nord tiraient leurs revenus du transport de migrants via les anciennes routes caravanières transsahariennes.

Après son arrivée au pouvoir en juillet 2023, la junte militaire n’a pas manqué d’abroger cette législation, au grand dam de l’UE.

Une décision motivée selon les putschistes par la défense des « intérêts du Niger et de ses concitoyens ».

Les effets sont désormais visibles. Selon l’OIM, les passages de migrants vers le nord du Niger et aux frontières avec la Libye et l’Algérie ont bondi de 50 % sur un mois. Les flux migratoires en provenance du pays ont eux augmenté de près de 70 %.

Ces passages concernent principalement des Nigériens participant à des migrations économiques circulaires dans la région.

Mais pas seulement ; le rapport relève aussi des ressortissants nigérians, tchadiens ou maliens, probablement en route vers les côtes méditerranéennes et l’Europe.

L’abrogation de cette loi a donc ouvert les vannes des trafics migratoires dans ce couloir sahélien stratégique. Un acte souverain, mais aussi une forme de revanche sociale dans ces régions marginalisées qui vivaient de ces activités auparavant.

L’ampleur de la reprise de ces flux inquiète cependant. D’autant que le rapatriement des migrants les plus vulnérables se complique dans un contexte d’isolement diplomatique du Niger.

Les autorités nigériennes devront vite trouver un nouvel équilibre entre l’impératif de contrôle migratoire et la préservation des intérêts socioéconomiques locaux.

© Avec AFP

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