Le 18 décembre 2024, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, a été condamné à un an de prison ferme sous bracelet électronique.
Cette semaine, il s’est vu retirer la Légion d’honneur, la plus haute distinction française, une sanction rarissime pour un ex-chef d’État prononcée à la suite de sa condamnation à un an de prison ferme pour corruption, selon un arrêté publié le dimanche 15 juin 2025.
L’ex-président de droite (2007-2012) devient ainsi le deuxième chef de l’État français privé de cette distinction après le maréchal Pétain, à qui la Légion d’honneur avait été retirée après sa condamnation en août 1945 pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi.
Cette décision était attendue depuis que la condamnation de Nicolas Sarkozy, inédite pour un ex-président français, a été rendue définitive devant les juridictions françaises par le rejet d’un pourvoi par la Cour de cassation en décembre.
Dans cette affaire dite des écoutes, l’ancien patron de la droite française été reconnu coupable d’avoir noué en 2014, au côté de son avocat historique Thierry Herzog, un « pacte de corruption » avec un haut magistrat à la Cour de cassation (la juridiction la plus élevée de l’ordre judiciaire français), afin qu’il transmette des informations et tente d’influer sur un recours formé dans un autre dossier. Et ce, en échange d’un coup de pouce promis pour un poste honorifique à Monaco.
Condamné à 3 ans d’emprisonnement, dont un an ferme, en détention à domicile sous surveillance électronique, pour corruption et trafic d’influence, l’ancien président a porté pendant trois mois un bracelet électronique. Il se l’est vu retirer mi-mai à la suite d’une requête permise par son âge (70 ans).
Nicolas Sarkozy, qui a toujours clamé son innocence, a formé un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
Avec le rejet de son ultime recours en France, il était sous le coup d’une exclusion de la Légion d’honneur qui est automatique quand un récipiendaire est définitivement condamné pour un crime ou écope d’une peine d’emprisonnement égale ou supérieure à un an ferme.
Dans ces cas, le retrait est « de droit », avait souligné en mars le Grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre, qui a signé l’arrêté privant Sarkozy des deux titres dont il était grand-croix, grade le plus élevé.
Ces dernières semaines, la perspective de voir l’ex-président déchu de sa Légion d’honneur avait provoqué des récriminations à droite et suscité des réserves au plus haut sommet de l’État.
« De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision. Je pense que c’est très important que (…) les anciens présidents soient respectés”, avait déclaré Emmanuel Macron fin avril en marge d’un déplacement à Madagascar.
Détenteur du titre de « grand maître » de la Légion d’honneur, le président de la République n’a voix au chapitre que dans les procédures disciplinaires classiques dans lesquelles les conditions d’un retrait d’office ne sont pas réunies.
Évoquant en mars 2025 le cas de M. Sarkozy, le général François Lecointre avait reconnu que « l’opprobre » d’une exclusion était « ressenti extrêmement douloureusement » par celui qui en était frappé.
Mais cet ancien chef d’état-major des armées avait insisté sur l’importance des sanctions disciplinaires pour maintenir « l’exemplarité » de l’ordre de la Légion d’honneur.
Outre celle des écoutes, l’ancien président est mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires et a notamment comparu début 2025 pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le jugement dans ce dossier sera rendu fin septembre.
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