Le Nigeria, le Ghana, le Liberia, la Sierra Leone et la Gambie ont affiché leur désaccord avec leurs voisins francophones de passer du Franc CFA à la monnaie Eco d’ici 2027.
Ces pays estiment que “cette action n’est pas conforme aux décisions” de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de “l’adoption de l’Eco comme nom de la monnaie unique” de toute la région, dont l’idée est débattue depuis bientôt 30 ans et a été relancée il y a deux ans.
Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo), qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé leur décision de remplacer leur monnaie commune par l’Eco.
Une manière de rompre symboliquement les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueille notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro.
L’annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, l’un de ses principaux alliés politiques dans la région, au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine.
Les réactions immédiates à ce moment qualifié d’“historique” avaient été mitigées côté anglophone, où l’on se méfie généralement d’une influence française aux relents post-coloniaux dans cette région.
Les pays anglophones pas convaincu de la monnaie ECO
Les pays anglophones ont pu voir, derrière ce changement de nom, une simple réforme du franc CFA, bien loin des ambitions initiales de monnaie unique qui rassemblerait toute l’Afrique de l’Ouest.
Après l’annonce d’Abidjan, le Ghana s‘était dit “déterminé” à faire tout son possible pour “rejoindre bientôt” les pays francophones.
Le pays a exhorté à renoncer à la parité fixe de l’Eco avec l’euro, qui est maintenue, bien qu’elle soit très critiquée et que selon le projet original, la monnaie unique ouest-africaine ne devait être arrimée à aucune devise étrangère.
C‘était sans compter avec le Nigeria, poids lourd économique de la région il pèse à lui tout seul près de 70% du PIB de la CEDEAO , qui n’a jamais caché ses réticences au principe même d’une monnaie unique.