Après avoir viré la France, Ibrahim Traoré a pris une décision lourde de sens concernant l’exploitation des mines d’or au Burkina Faso.
La production d’or du Burkina Faso est dominée par les mines industrielles, largement contrôlées par des compagnies basées au Canada et en Australie.
Le régime actuel, qui prône un nationalisme des ressources minérales, a déjà acquis deux mines d’or industrielles en 2024.
Ainsi, le gouvernement d’Ibrahim Traoré veut reprendre le contrôle de nouvelles mines d’or après le départ de la France.
C’est l’une des annonces faites le lundi 28 avril 2025, par le Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo au cours d’une interview à la télévision nationale.
« La société de participation minière du Burkina a déjà racheté deux mines industrielles, notamment Boungou et Wahgnion, et cela va se poursuivre […] L’objectif est d’optimiser les retombées de l’exploitation minière pour le Burkina Faso », a déclaré le chef du gouvernement, sans donner d’autres détails sur la stratégie que compte mettre en œuvre le gouvernement pour acquérir de nouvelles mines.
Ce n’est pas la première sortie officielle allant dans le sens d’une nationalisation des mines d’or au Burkina Faso. Déjà en octobre 2024, le président burkinabé Ibrahim Traoré a fustigé la mainmise des multinationales sur l’or de son pays, estimant que le pays allait lui-même exploiter le métal jaune.
Arrivé en 2022 à la tête du pays, ce militaire de carrière prône en effet davantage de contenu local dans le secteur et souhaite obtenir une plus grande part des revenus générés par l’exploitation minière au profit du Burkina Faso.
Ces déclarations n’ont jusqu’ici débouché sur aucune négociation officielle avec les compagnies qui exploitent les mines d’or industrielles.
Après la sortie du président Traoré en octobre dernier, plusieurs compagnies minières ont publié des communiqués tendant à rassurer les investisseurs sur le maintien de bonnes relations avec le gouvernement burkinabé.
« La société a été en contact avec le gouvernement qui a clairement indiqué que les commentaires relatifs au retrait potentiel des permis miniers ne concernaient que les sociétés opérant en violation des lois du Burkina Faso », expliquait alors le canadien Orezone, propriétaire de la mine d’or Bomboré (119 000 onces livrées en 2024).
En dehors des mines industrielles, le gouvernement peut s’appuyer sur l’exploitation semi-mécanisée et l’exploitation artisanale pour augmenter ses recettes minières.
Très active dans ce secteur, la Société nationale des substances précieuses (SONASP) a collecté plus de 8 tonnes d’or en 2024, un volume qui a déjà grimpé à plus de 11 tonnes d’or, rien qu’au premier trimestre 2025.
Le Premier ministre, qui a donné l’information, explique que « c’est du jamais-vu » et que ces grandes quantités d’or proviennent principalement du secteur artisanal.