Minerai de fer : ce pays d’Afrique va énormément s’enrichir grâce à cette puissance extérieure

minerai de fer Gabon

Crédits photo : Pixabay / Pierre Blanche

Le Gabon, pays d’Afrique centrale sous la direction de Brice Oligui Nguema, vient de prendre une décision importante concernant l’exploitation du minerai de fer.

En effet, loin des sentiers battus de l’exploitation pétrolière qui domine l’économie extractive du pays depuis des décennies, le Gabon s’engage résolument dans une nouvelle ère minière qui pourrait bouleverser son équilibre économique.

La signature, ce jeudi 20 mars 2025, d’une convention minière entre le gouvernement gabonais et l’entreprise australienne Genmin pour l’exploitation du gisement de Baniaka en est la preuve.

Concrètement, la cérémonie, tenue au Palais présidentiel de Libreville sous l’égide du président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, scelle un partenariat prometteur pour un pays cherchant à diversifier ses ressources.

Le minerai de fer, le nouveau filon du Gabon

Les termes de l’accord révèlent une volonté de maximiser les bénéfices nationaux : le Gabon obtient une participation gratuite de 10 % dans le projet, avec une option pour acquérir jusqu’à 25 % supplémentaires.

Un taux d’imposition de 35 % sera appliqué aux bénéfices, auquel s’ajoutera une redevance minière de 5 % sur les revenus de vente. Des conditions qui reflètent l’importance stratégique accordée par Libreville à ses ressources naturelles.

Les ambitions sont à la mesure des ressources : Baniaka devrait produire initialement 5 millions de tonnes de minerai de fer par an, pour atteindre progressivement 10 millions de tonnes annuelles.

Une cadence qui placera le Gabon parmi les producteurs significatifs du continent, avec une mise en exploitation prévue pour fin 2026.

Ce projet ne constitue pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une stratégie plus vaste. Le gisement de Belinga, l’un des plus importants du pays, a déjà vu ses premières expéditions de minerai réalisées en décembre 2023 par un autre groupe australien, Fortescue, après la signature d’une convention en février de la même année.

L’Australie, puissance minière mondiale, étend ainsi son influence sur les ressources africaines avec méthode et détermination.

Pour le Gabon, l’enjeu est véritablement important. Et pour cause, le secteur minier ne représente actuellement que 7 % des revenus extractifs du pays, contre 93 % pour les hydrocarbures, selon l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

Plus révélateur encore, cette contribution minière provient presque exclusivement de l’exploitation du manganèse par la Comilog, filiale du groupe français Eramet.

La diversification des revenus miniers représente donc un impératif économique pour un pays dont l’économie reste vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole.

L’exploitation du minerai de fer pourrait constituer un levier puissant pour réduire cette dépendance structurelle aux hydrocarbures, tout en créant de nouvelles opportunités d’emploi et de développement local.

Pourtant, les perspectives du marché mondial du fer suscitent des interrogations. La production mondiale devrait augmenter en moyenne de 2,5 % d’ici 2029 selon BMI, exerçant une pression à la baisse sur les prix.

La Banque mondiale confirme cette tendance, avec un prix moyen du minerai passant de 121,3 dollars la tonne en 2022 à 109,4 dollars en 2024, et une projection à 78 dollars d’ici 2033.

Dans ce contexte de prix déclinants, la viabilité économique à long terme de ces projets dépendra de leur capacité à maintenir des coûts d’exploitation compétitifs. Un défi que les autorités gabonaises et leurs partenaires australiens semblent prêts à relever, misant sur des infrastructures existantes comme le chemin de fer transgabonais et le port minéralier d’Owendo pour optimiser la logistique d’exportation.

Au final, l’arrivée du Gabon dans le cercle des producteurs significatifs de minerai de fer est la preuve de la transformation progressive du paysage minier africain, où l’expertise technique et les capitaux australiens rencontrent les ressources naturelles abondantes du continent.

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