Sept individus ont été interpellés par la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants (DNLT) suite à une tentative avortée d’émigration irrégulière qui a coûté la vie à quatre personnes. Quatre-vingt-neuf migrants sénégalais ont été secourus en Mauritanie après sept jours en mer.
Une opération de sauvetage en Mauritanie
L’antenne régionale de Rosso de la DNLT a procédé à l’interpellation de sept personnes pour association de malfaiteurs, tentative de trafic de migrants par voie maritime, homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui. Cette intervention fait suite à la mise à disposition par le Commissariat Spécial de Rosso de quatre-vingt-neuf migrants, tous de nationalité sénégalaise, dont un mineur.
Après sept jours passés en haute mer dans des conditions périlleuses, l’embarcation a dû rebrousser chemin faute de vivres. Les migrants ont finalement dérivé vers Nouadhibou en Mauritanie, où ils ont été secourus par la marine mauritanienne et pris en charge par la Croix-Rouge Internationale.
Un voyage clandestin aux conséquences tragiques
L’enquête ouverte par les autorités révèle que ces candidats à l’émigration irrégulière avaient payé entre 500 000 et 800 000 FCFA à des recruteurs pour participer à ce voyage vers l’Europe. Avant leur départ, ils ont été hébergés à Carrefour Diaroumé, dans la région de Sédhiou, puis ont embarqué depuis la Gambie.
Le périple a tourné au drame avec la mort de quatre personnes, dont une femme. Deux victimes ont été formellement identifiées comme étant des ressortissants sénégalais originaires de Touba. Les circonstances de ces décès illustrent les dangers mortels de l’émigration clandestine.
Les circonstances des quatre décès
Selon les déclarations des membres de l’équipage, les deux premières victimes sont tombées à la mer lors d’une tempête qui a rendu la pirogue instable. Face à l’agitation des flots, l’équipage n’a pu que constater les pertes sans pouvoir intervenir.
La troisième victime a succombé à une intoxication aux vapeurs de carburant. Par temps extrêmement froid et faute de couverture, cette personne avait décidé, contre l’avis général, de passer la nuit dans la caisse contenant les bidons de carburant. Le lendemain, elle a été retrouvée morte à l’intérieur. En état de putréfaction avancée, le corps a été immergé en mer.
Quant à la quatrième personne, qui n’a pas été identifiée à ce jour, elle est décédée lors de la prise en charge à Nouadhibou par les services mauritaniens. Les circonstances exactes de ce décès demeurent inconnues des membres de l’équipage.
Sept membres de l’équipage aux aveux
Les investigations ont permis d’identifier sept personnes faisant partie de l’équipage de la pirogue. Interrogés, les suspects ont reconnu les faits qui leur sont reprochés.
Ils déclarent avoir été recrutés par les capitaines principaux pour participer à la conduite de l’embarcation devant rallier l’Europe.
Les mis en cause confirment unanimement avoir conduit la pirogue à tour de rôle et à plusieurs reprises durant le trajet.
Ils ont été présentés le 8 décembre 2025 à 11 heures devant le Procureur de la République Financier du Pool Judiciaire Financier près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar.
Une enquête toujours en cours
Cette affaire met une fois de plus en lumière les dangers mortels de l’émigration clandestine par voie maritime et les réseaux criminels qui en tirent profit.
Les sommes importantes versées par les candidats au départ témoignent de l’ampleur de ce trafic lucratif, qui continue de faire des victimes malgré les risques connus.
L’enquête suit son cours pour démanteler l’ensemble du réseau et identifier les commanditaires de cette opération criminelle qui a coûté la vie à quatre personnes et mis en danger quatre-vingt-neuf autres.