Le couperet vient de tomber une nouvelle fois contre Meta : le groupe américain devra vraiment verser 132 milliards au Nigeria, pays d’Afrique de l’Ouest.
En effet, dans un revers judiciaire, le membre des GAFAM vient de voir confirmée sa condamnation à une amende colossale au Nigeria de Bola Tinubu.
Le tribunal nigérian a maintenu, ce 25 avril 2025, la sanction de 220 millions de dollars (environ 132,6 milliards de francs CFA) infligée au groupe dirigé par Mark Zuckerberg pour violations répétées des lois nationales sur la protection des données personnelles.
Cette décision fait suite à une enquête approfondie menée conjointement par la Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (FCCPC) et la Commission nigériane de protection des données (NDPC) entre mai 2021 et décembre 2023.
Les investigations avaient mis en lumière des « pratiques invasives » de Meta à l’encontre des utilisateurs nigérians de Facebook et WhatsApp, deux des principales plateformes du groupe.
Derrière les 132 milliards à verser au Nigeria, des infractions multiples et systématiques de Meta
« L’enquête a révélé une série de pratiques invasives à l’encontre des consommateurs nigérians », a déclaré Adamu Abdullahi, directeur général de la FCCPC.
Les autorités nigérianes ont identifié plusieurs violations graves : partage non autorisé de données personnelles, restrictions imposées aux utilisateurs dans la gestion de leurs propres informations, et exploitation abusive de la position dominante de Meta sur le marché numérique local.
En plus de l’amende principale, le tribunal a ordonné à Meta de verser 35 000 dollars supplémentaires (environ 20,2 millions de francs CFA) pour couvrir les frais de l’enquête initiale.
Ondaje Ijagwu, porte-parole de la FCCPC, a salué une « décision juste », estimant que « toutes les preuves recueillies avaient été correctement évaluées » et que « le tribunal a reconnu que les actions de Meta constituaient bien des violations des droits des consommateurs ».
Meta conteste, mais doit s’acquitter rapidement
Face à cette condamnation, Meta a exprimé son désaccord. Dans un communiqué diffusé après l’annonce initiale de l’amende en juin 2024, un porte-parole du groupe avait déclaré : « Nous sommes en désaccord avec cette décision et avec l’amende imposée. Nous continuerons à défendre nos pratiques de manière responsable et à dialoguer avec les autorités locales ».
Malgré ces contestations, l’entreprise dispose désormais d’un délai restreint pour s’acquitter de la somme, fixé à fin juin, sous peine de sanctions supplémentaires. Cette situation place Meta dans une position délicate au Nigeria, un marché crucial où ses plateformes connaissent une popularité considérable.
Un contexte international défavorable
Cette condamnation s’inscrit dans un contexte de pressions accrues sur Meta à l’échelle mondiale. Deux jours avant la décision nigériane, l’Union européenne annonçait également une amende de 200 millions d’euros contre le groupe pour des infractions similaires au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Au Nigeria, pays où l’on comptait près de 164,3 millions d’abonnements à Internet à fin mars selon la Commission nationale des communications (CNC), les plateformes de Meta sont omniprésentes. Cette forte pénétration explique l’attention particulière des autorités quant aux pratiques du groupe en matière de gestion des données personnelles.
Cette décision marque un tournant significatif dans la volonté du Nigeria d’affirmer sa souveraineté numérique et de protéger ses citoyens face aux grandes entreprises technologiques.
Elle pourrait inspirer d’autres régulateurs africains à adopter une approche similaire, alors que le continent africain devient l’un des marchés numériques les plus dynamiques au monde.