Après les obsèques de Mehdi Kessaci qui ont eu lieu ce 18 novembre, son père n’a pas hésité à envoyer un message à Emmanuel Macron.
Frère d’un militant écologiste engagé contre le narcobanditisme, le meurtre de Mehdi Kessaci a été interprété par le parquet comme un assassinat d’avertissement. Son père a donc lancé un appel au président français pour multiplier des actions contre le narcobanditisme.
« Monsieur le Président, on en a marre de ça. Il faut travailler ensemble. Arrêtez à l’Assemblée nationale de parler pour rien. Gauche, droite, Mélenchon, on en a marre de ça. Il faut recevoir ce message. Marseille est devenu zéro. C’est une honte. Mon fils de 20 ans, il est parti pour rien« , a-t-il lancé en pleurs.
Macron veut « amplifier » la lutte contre le narcotrafic, après un assassinat à Marseille
Le président français Emmanuel Macron a annoncé vouloir « amplifier » la lutte contre le trafic de drogues lors d’une réunion d’urgence organisée mardi, après l’assassinat du frère d’un militant écologiste à Marseille, un « crime d’intimidation » dénoncé par le gouvernement.
Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, doit se rendre jeudi à Marseille, deuxième ville de France, avec son homologue de la Justice Gérald Darmanin, à la demande du chef de l’État qui y ira lui-même en décembre.
« C’est un combat qui ne fait que commencer« , a prévenu devant l’Assemblée nationale le Premier ministre Sébastien Lecornu, en appelant à s’inspirer de « ce qui a été fait avec succès dans le passé » en matière de lutte « contre le terrorisme« .
Le Premier ministre répondait à une question de la cheffe de file des députés écologistes Gabrielle Chatelain, applaudie par tous les députés debout quand elle a rendu hommage à Mehdi Kessaci, frère du militant écologiste marseillais, assassiné la semaine dernière et dont les obsèques se tenaient au même moment.
Partageant l' »émotion, la colère » et « la solidarité de l’ensemble de la nation » avec la famille Kessaci, qui a perdu en 2020 un autre fils, Brahim, dans un règlement de comptes, le chef du gouvernement a assuré que « tout sera fait pour que la justice soit rendue« .
Narchomicides
Le drame a relancé le débat sur la dangereuse lutte contre le narcobanditisme dans cette ville du sud-est de la France régulièrement secouée par des narchomicides et la guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de stupéfiants.
Selon une source proche du dossier, Emmanuel Macron a personnellement téléphoné au militant écologiste, dont les frères ont été tués.
Par ailleurs à Grenoble (Alpes françaises), un jeune adolescent a été touché par trois balles près d’un point de vente de drogue. Ses agresseurs sont en fuite.
Plusieurs responsables politiques ont appelé l’exécutif à passer de la parole aux actes concernant un fléau qui devient un thème majeur des élections municipales de mars prochain.
Le gouvernement français prévoit « l’installation du parquet national anticriminalité organisée (Pnaco) qui sera officiellement créé le 1er janvier prochain« , précise l’Élysée.
Ce nouveau parquet sera compétent sur les dossiers les plus graves et complexes en matière de crime organisé, sur le modèle du parquet national antiterroriste (Pnat) et du parquet national financier (PNF).
Gérald Darmanin a défendu au Parlement la loi sur le narcotrafic, qui comprenait aussi des mesures répressives, des outils pour les enquêteurs, et la création de quartiers de haute sécurité dans des prisons pour y placer à l’isolement les narcotrafiquants les plus dangereux.
La rapporteure de la loi et sénatrice LR Muriel Jourda attend en particulier les décrets d’application concernant le « statut des informateurs et le régime des repentis« .
Jeudi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot doit, lui, présenter à Bruxelles une proposition de « régime transversal » de sanctions contre les acteurs de la criminalité organisée.
« État d’urgence »
A quatre mois des municipales, le thème s’invite dans la campagne électorale.
Le candidat du Rassemblement national (RN, extrême droite) à la mairie de Marseille, Franck Allisio, a ainsi réclamé « l’état d’urgence à Marseille« , une mesure qui donne davantage de pouvoir aux préfets pour interdire certains rassemblements ou décider de perquisitions administratives.
Concernant Amine Kessaci, qui avait failli 2024 être élu député en 2024 face à une candidate du RN, la menace le visant n’a pas été identifiée précisément, selon une source proche de l’enquête.
Mais elle intervient après la parution de son livre, sorte de longue lettre adressée à son grand frère Brahim, avec ce sous-titre: « Vivre et mourir en terre de narcotrafic« .
Le procès des assassins présumés de Brahim et de deux autres hommes tués avec lui est attendu en 2026. Ce fait-divers fut à l’époque un électrochoc. Les autorités avaient commencé à partir de là à parler d’une forme de « cartélisation« , à l’image de l’Amérique latine.
Avec AFP