Mauvaise nouvelle pour TotalEnergies : la compagnie prend des décisions fortes

TotalEnergies

TotalEnergies, qui a vu fondre son bénéfice net en 2024 après deux années hors norme de super-profits, va réduire en 2025 ses investissements en faveur de la réduction des émissions de carbone.

Le groupe prévoit des investissements nets de 17 à 17,5 milliards de dollars pour 2025, dans la fourchette annoncée, mais il a précisé qu’il allait réduire de 500 millions de dollars, de 5 à 4,5 milliards de dollars, la part dédiée aux « énergies bas carbone », surtout de l’électricité.

TotalEnergies explique que « les ordres de grandeurs » restent les mêmes, une façon de se démarquer de ses concurrentes européennes qui ont ralenti leur transition énergétique pour se recentrer sur les hydrocarbures, et doper leur rentabilité.

Après Shell et BP, Equinor a également indiqué mercredi qu’il allait réduire ses investissements dans les renouvelables.

Le bénéfice dégagé par TotalEnergies en 2024 a chuté de 26% à 15,8 milliards de dollars (15,2 milliards d’euros), lesté par les marges de raffinage « en fort repli », en phase avec les résultats de Shell et Chevron.

Il est bien en dessous des profits record atteints en 2022 (19 milliards d’euros) puis 2023 (19,8 milliards d’euros). Ils avaient alors été dopés par la flambée des prix du pétrole et du gaz dans un marché bouleversé par la reprise post-Covid et l’invasion russe de l’Ukraine.

Mais en 2024, « l’environnement pétrolier et gazier était un peu moins bon qu’en 2022 » qui « était complétement exceptionnel » et 2023, qui était « très haut », a déclaré le PDG du groupe Patrick Pouyanné à la presse, en référence aux prix de l’énergie. Moins volatils en 2024, ils ont été moins profitables pour son activité de marché (achat/vente).

« Ce sera quand même à la fin les troisièmes résultats (les plus hauts, NDLR) de l’histoire (du groupe, NDLR) », a reconnu M. Pouyanné.

Actionnaires gratifiés

En 2025, le groupe compte poursuivre sa stratégie : « plus d’énergies, moins d’émissions, augmenter le free cash flow » (flux de trésorerie disponible, NDLR).

Concernant les énergies bas carbone, il n’y a pas de « changement de stratégie », précise le groupe à l’AFP en rappelant ses objectifs ambitieux : 100 GW de capacités d’énergies renouvelables (installées ou à venir) en 2030 (dont 97,2 GW à date).

En 2025, sa production électrique (essentiellement renouvelable mais aussi issue de centrales à gaz) devrait augmenter de 20% à 50 TWh, en ligne avec son objectif de 100 TWh en 2030.

Dans le même temps, il augmentera l’an prochain « de plus de 3% » sa production de pétrole et de gaz, grâce à la montée en puissance de projets démarrés en 2024, notamment dans le golfe du Mexique et au Brésil. En octobre dernier, il a rehaussé et prolongé sa prévision de croissance de la production d’hydrocarbures à environ 3% par an jusqu’en 2030 (contre +2 à 3% jusqu’en 2028), principalement du gaz.

Malgré des bénéfices en recul, le groupe maintient sa politique de gratification des actionnaires avec le versement d’un dividende trimestriel en hausse de 7,6%.

En outre, le groupe continuera à racheter 2 milliards de dollars d’actions par trimestre, comme il le fait depuis fin 2022, « dans des conditions de marché raisonnables », a indiqué M. Pouyanné. « Donc nous serons un contributeur à la nouvelle taxe française sur les rachats d’actions », pour un coût « entre 100 et 150 millions d’euros ».

A cela s’ajoute sa « contribution aux finances publiques françaises, soit plus de 2 milliards d’euros pour l’année 2024 » en impôts et taxes. Mais il ne devrait pas payer d’impôts sur les bénéfices (ou peu) en France, au vu des « pertes » sur le raffinage.

En dévoilant ses résultats, le groupe se savait aussi très scruté sur la question de sa cotation à New York, un projet que le PDG avait dévoilé au printemps dernier et qui avait suscité l’émoi dans la classe politique française.

« Bien sûr qu’on fera ce projet », qui doit permettre d’accroître la liquidité de l’action en la rendant accessible à un plus grand nombre d’actionnaires, a assuré le PDG mercredi. Il a toutefois réfuté l’expression de « double cotation », indiquant qu’il s’agissait d’une « cotation en continu » à Paris et New York, avec la même classe d’actions.

Le groupe est déjà présent à Wall Street mais sous la forme d’ADR (americain depositary receipts), plus contraignants pour les investisseurs.

@Avec l’AFP