Le cours du cuivre et du coton ont dégringolé cette semaine à la Bourse des métaux de Londres (LME), chutant à son plus bas niveau depuis août 2024, sapé par la guerre commerciale lancée par les États-Unis et la réponse de la Chine.
La guerre commerciale « plonge les marchés dans la morosité », explique Giles Plumb, analyste de StoneX, et la confrontation des deux plus grandes économies mondiales fait craindre aux analystes un ralentissement important de l’activité économique.
Or, fortement utilisé dans l’industrie, le cuivre est très sensible à l’activité des grands pays consommateurs de métaux. Il est souvent considéré comme un reflet de l’état de santé de l’économie mondiale.
L’offensive protectionniste de la Maison-Blanche présentée, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit un droit de douane plancher de 10%, majoré pour certains pays.
Pour la Chine, consommateur majeur de cuivre, l’addition est particulièrement salée car ses produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34% s’ajoutant aux 20% de droits de douane déjà en place.
Si le cuivre est pour l’instant épargné par les taxes de Washington, le marché s’attend à l’arrivée prochaine de droits de douane sur le métal rouge, qui pourraient faire tomber davantage le prix de ce dernier.
En riposte, Pékin a annoncé imposer à son tour des droits de douane supplémentaires de 34% sur les produits américains dès le 10 avril 2025 « en plus du taux des droits de douane actuellement applicables », a déclaré le ministère des Finances chinois.
Sur le LME, vers 15H20 GMT (17H20 à Paris) une tonne de cuivre coûtait 8.819,50 dollars, contre 9.794,50 dollars sept jours plus tôt à la clôture, après s’être échangé à 8.734 dollars, son plus bas depuis août 2024.
L’or se ternit, l’argent fond
Face à l’offensive douanière d’envergure lancée mercredi par Donald Trump, les investisseurs se sont rués vers l’or cette semaine, le faisant bondir à un nouveau record avant de retomber, mais ils ont fuit les autres métaux précieux semi-industriels comme l’argent.
L’or, tout comme l’argent, le platine et le palladium, sont pour l’instant épargnés par les nouveaux droits de douane de Donald Trump.
Grâce à son statut de valeur refuge, le métal jaune a culminé à un sommet historique de 3.167,84 dollars l’once dans la nuit de mercredi à jeudi.
La guerre commerciale qui fait rage fait craindre un ralentissement de l’économie mondiale, renforçant les paris sur des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine.
Or des taux plus faibles affectent la rentabilité du dollar et des obligations d’Etat américaines, également considérés comme des valeurs refuge, ce qui en retour profite à l’or.
L’escalade dans les droits de douane présage aussi d’une accélération de l’inflation, contre laquelle le métal jaune est une couverture éprouvée.
Mais après « une envolée des cours », l’or souffre désormais de « prises de bénéfices », constate Stephen Innes analyste chez SPI AM.
Depuis le début de l’année, le cours de l’or a explosé de plus de 15%, profitant également des achats de lingots des banques centrales et des tensions géopolitiques dans le monde.
Le vendredi 4 avril 2025, vers 15H30 GMT (17H30 à Paris), l’once d’or se négociait à 3.024,77 dollars, contre 3.085,12 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Pour sa part, l’argent a perdu plus de 12% de sa valeur; et le platine et le palladium sont tombés de plus de 5% chacun.
Dans le coton
Comme le cuivre, le cours du coton s’est effondré cette semaine, également en raison de la guerre commerciale.
« Les États-Unis sont le deuxième exportateur de coton » au monde, après le Brésil, explique Carsten Fritsch, citant les données du ministère américain de l’agriculture.
Le marché s’attend à des réactions importantes sur les achats de coton des pays concernés par les droits de douane.
Et « le plus grand acheteur de coton américain, le Vietnam, est confronté à l’un des taux de droits de douane réciproques les plus élevés, à savoir 47% », souligne Mark Bowman d’ADM Investor Services.
Dans l’ensemble les plus grands acheteurs de coton américain « sont confrontés à des droits de douane substantiels : 29% pour le Pakistan, 34% pour la Chine, 37% pour le Bangladesh et 26% pour l’Inde », précise l’analyste.
Tout comme le cuivre, le risque pesant sur le prix du coton est que ces pays suivent l’exemple de la Chine et choisissent une confrontation douanière.
Par ailleurs, le coton subit également l’effondrement du pétrole depuis jeudi « qui est utilisé pour fabriquer du polyester », rappelle M. Bowman.
© AFP