Maroc : une excellente nouvelle tombe pour les entreprises

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Crédit photo : gouv Maroc sur X

Le Maroc déploie un mécanisme d’appui financier destiné aux très petites et moyennes entreprises (TPME). Le programme vise à dynamiser l’investissement régional et la création d’emplois à travers le royaume.

Aziz Akhannouch a présidé mardi 11 novembre à Errachidia le lancement d’un dispositif de soutien spécifique aux très petites, petites et moyennes entreprises. Le chef du gouvernement était accompagné de Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques. Cette rencontre nationale réunit les acteurs économiques autour d’un programme qui entrera en vigueur dans les prochaines semaines.

Le mécanisme offre trois types d’aides cumulables. Une prime à la création d’emplois permanents récompense les entreprises qui recrutent. Une prime territoriale encourage les investissements dans les régions moins développées. Une prime aux activités prioritaires oriente les capitaux vers des secteurs prometteurs. Ces trois aides peuvent représenter jusqu’à 30 % du montant total de l’investissement éligible, selon l’agence Maghreb Arabe Presse.

Les entreprises pourront même cumuler ces subventions avec les aides proposées par les régions. Un projet peut ainsi bénéficier de plusieurs sources de financement public, à condition de respecter les critères fixés par quatre arrêtés publiés le 6 novembre au Bulletin officiel. Ces textes précisent les branches d’activités éligibles, les provinces concernées, les documents à fournir et les seuils d’investissement.

Pour accéder au programme, une TPME doit réaliser un investissement compris entre 1 et 50 millions de dirhams. Le projet doit créer au moins 1,5 emploi permanent par million de dirhams investi, sauf dans le tourisme où le seuil tombe à 1 emploi. L’entreprise doit apporter au minimum 10 % de fonds propres. Enfin, son chiffre d’affaires annuel ne peut dépasser 200 millions de dirhams.

Les TPME représentent plus de 90 % du tissu entrepreneurial marocain. Elles génèrent l’essentiel des emplois et constituent le moteur de l’économie locale. Le gouvernement a donc conçu ce dispositif en tenant compte des spécificités économiques de chaque région. L’objectif affiché vise à garantir une équité sociale et spatiale dans la répartition des aides publiques.

Akhannouch a souligné la dimension territoriale du programme. « Ce nouveau système incarne la volonté du gouvernement de soutenir les entreprises à travers des incitations directes et des mécanismes d’accompagnement, garantissant ainsi un impact concret qui valorise les potentialités et les opportunités d’investissement dont regorgent les territoires », précise un communiqué du ministère de l’Investissement consulté par la MAP.

Les Centres régionaux d’investissement joueront un rôle central dans l’application du dispositif. Toutes les procédures se dérouleront au niveau régional.

Les CRI recevront les dossiers, examineront les demandes, sélectionneront les projets et superviseront la signature des conventions par les autorités locales. Bref, une décentralisation qui rapproche l’administration des entrepreneurs.

Des caravanes régionales sillonneront toutes les provinces et préfectures du royaume pour promouvoir le programme. Ces opérations de sensibilisation ont été lancées à l’issue de la rencontre d’Errachidia. Les équipes des CRI iront à la rencontre des porteurs de projets pour expliquer les mécanismes d’aide et accompagner la constitution des dossiers.

Ce dispositif s’inscrit dans une feuille de route gouvernementale 2023-2026 visant à améliorer le climat des affaires. Le gouvernement a déjà simplifié les procédures d’investissement, facilité la création électronique d’entreprises et activé des plateformes numériques. Les délais de paiement ont été réduits. Ces mesures accompagnent la Charte de l’investissement adoptée fin 2019.

Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, s’est félicité du lancement. « Au niveau de la CGEM, 95 % de nos membres sont des TPME. Ce dispositif simplifie les démarches et permet aux jeunes entrepreneurs de présenter leurs projets dans les différentes CGEM régionales, où ils recevront orientation et accompagnement », a-t-il déclaré lors de la rencontre.

Le choix d’Errachidia pour le lancement possède une portée symbolique. La ville se situe dans la région du Drâa-Tafilalet, zone souvent considérée comme périphérique dans la géographie économique marocaine. Le gouvernement entend ainsi montrer sa volonté de dynamiser les territoires éloignés des grands centres urbains.

Des critiques émergent néanmoins. Certains représentants de très petites entreprises jugent le dispositif trop ambitieux et craignent qu’il ne creuse le fossé avec les grandes sociétés. Les seuils d’investissement et les exigences en matière d’emploi pourraient exclure les projets les plus modestes, ceux portés par des micro-entrepreneurs disposant de moyens limités.

Reste à voir comment ce programme sera appliqué sur le terrain. Les TPME marocaines font face à des difficultés récurrentes : accès au crédit bancaire, lourdeur administrative, concurrence du secteur informel. Le nouveau dispositif apporte des réponses financières, mais ne résout pas tous les obstacles structurels qui freinent le développement des petites entreprises au Maroc.

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