Le Maroc déploie une stratégie ambitieuse pour revitaliser son secteur primaire. L’Agence pour le développement agricole (ADA) vient d’annoncer la mise à disposition de plus de 5 000 hectares de terres agricoles appartenant à l’État, destinées à être louées à des investisseurs privés.
Cette initiative, qui s’étend sur neuf régions du royaume, de Casablanca-Settat à Béni Mellal-Khénifra, s’inscrit dans une volonté de dynamiser un secteur durement touché par une sécheresse persistante depuis plus de six ans.
La décision du gouvernement marocain de libérer ces terres s’explique par l’urgence de la situation. Le pays fait face à une érosion alarmante de l’emploi agricole, avec une chute de près de dix points de pourcentage de la part du secteur dans la création d’emplois entre 2008 et 2023.
Selon la Banque centrale marocaine, cette hémorragie s’est traduite par une perte cumulée de près d’un million d’emplois sur cette période, dont 136 000 pour la seule période 2018-2023.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre plus large de la Stratégie Génération Green (2020-2030), visant à moderniser et à renforcer la résilience du secteur agricole marocain. En offrant des baux pouvant aller jusqu’à 40 ans pour certains projets, le gouvernement cherche à attirer des investissements durables et à encourager l’innovation dans le secteur.
La flexibilité des durées de bail, adaptées aux différents types de cultures et d’élevage, témoigne d’une approche nuancée, prenant en compte les spécificités de chaque activité agricole.
Cette stratégie vise non seulement à relancer la production, mais aussi à créer de nouvelles opportunités d’emploi dans les zones rurales, particulièrement touchées par le chômage.
Cependant, cette initiative soulève également des questions sur la capacité du Maroc à concilier développement agricole et gestion durable des ressources hydriques. Le pays, confronté à un stress hydrique croissant, devra veiller à ce que cette expansion agricole ne se fasse pas au détriment de ses réserves en eau déjà fragilisées.
En définitive, cette mesure audacieuse du Maroc illustre la complexité des défis auxquels sont confrontés les pays méditerranéens face au changement climatique.
Elle souligne la nécessité d’adopter des approches innovantes et flexibles pour adapter le secteur agricole aux nouvelles réalités environnementales, tout en préservant son rôle crucial dans l’économie et l’emploi national.