Pour le plus grand plaisir de ses étudiants, le Maroc mise sur le Portugal, pays d’Europe pour ouvrir de nouvelles voies académiques.
Le 8 novembre 2025, l’université Mohammed V a en ce sens accueilli la première édition des « Morocco-Portugal Academic Meetings: Horizon 2030 » dans sa faculté des sciences juridiques, économiques et sociales. Un événement qui coïncidait, symboliquement, avec le cinquantième anniversaire de la Marche Verte.
Chercheurs, professeurs et responsables institutionnels venus des deux pays se sont retrouvés autour d’une ambition partagée : tisser des partenariats universitaires durables et faciliter la mobilité étudiante.
Les échanges ont porté sur plusieurs thèmes. Les synergies économiques, les opportunités de recherche conjointe, les programmes d’échange.
Mustapha Machrafi, doyen de la faculté hôte, a posé les termes clairement lors de son allocution : « Cette rencontre académique vise à développer des relations universitaires solides et durables entre les universités portugaises et marocaines ». Le ton était donné. Pas de déclarations grandiloquentes. Juste une volonté affichée de bâtir des ponts concrets entre les deux systèmes éducatifs.
Cette rencontre s’appuie sur un socle bilatéral déjà solide. Maroc et Portugal collaborent depuis des années dans plusieurs domaines : politique, économie, sécurité. En novembre 2021, les deux pays ont créé un Conseil économique conjoint à Casablanca.
L’objectif affiché visait à stimuler le commerce et les investissements, notamment dans le numérique, l’aéronautique, l’automobile et l’énergie. Puis, en mai 2023, lors de la quatorzième réunion de haut niveau à Lisbonne, Rabat et Lisbonne ont réaffirmé leur intention d’élever leurs relations au rang de « partenariat stratégique global », selon la déclaration conjointe publiée à l’issue de cette rencontre.
Le contexte démographique rend cette coopération d’autant plus pertinente. Azzedine El Midaoui, ministre marocain de l’Enseignement supérieur, a révélé que le royaume comptait près de 1,3 million d’étudiants pour l’année académique 2024-2025.
Une hausse de 5,3 % par rapport à l’année précédente. Les universités marocaines doivent absorber cette croissance, diversifier leurs partenariats internationaux, proposer de nouveaux débouchés. Côté portugais, le ministère de l’Enseignement supérieur indique que le pays a accueilli plus de 446 000 étudiants en 2022-2023, dont 17 % d’étrangers. Un marché qui attire.
Enfin, cette coopération universitaire intervient alors que les deux pays préparent conjointement, avec l’Espagne, l’organisation de la Coupe du monde de football 2030. Un événement qui nécessite des infrastructures, des investissements, mais aussi des collaborations dans la formation et la recherche. Les autorités académiques des deux rives semblent vouloir capitaliser sur cette dynamique pour installer des mécanismes de coopération pérennes.
Les perspectives tracées lors de cette première édition dessinent une feuille de route ambitieuse. Les discussions ont évoqué l’échange de chercheurs, la création de programmes de double diplôme, le financement de projets de recherche communs. Des domaines prioritaires ont été identifiés : l’énergie, le patrimoine culturel, l’eau, l’agriculture. Des secteurs où les deux pays partagent des défis similaires et peuvent mutualiser leurs expertises.
Cette rencontre académique prolonge une tradition de coopération scientifique déjà établie. En 2016, le Centre national marocain pour la recherche scientifique et technique avait signé un accord de partenariat avec plusieurs universités portugaises, dont celles de Kenitra, Agadir, Settat et El Jadida. Les échanges se poursuivent donc, se structurent, s’amplifient.
Pour les étudiants marocains, cette proximité avec le Portugal ouvre des possibilités concrètes : accès à des formations européennes, bourses de mobilité, reconnaissance des diplômes.