Plusieurs dizaines de jeunes ont manifesté le 8 avril à Bamako pour protester contre « les agissements de l’Algérie » envers le Mali, qui accuse son voisin du nord d’avoir détruit fin mars un drone de son armée en territoire malien, a constaté un journaliste de l’AFP.
Les tensions entre Bamako et Alger ont provoqué des rappels respectifs d’ambassadeurs le 6 mars. Parallèlement, chaque pays a fermé son espace aérien à l’autre.
La manifestation devant l’ambassade d’Algérie, située dans un quartier populaire, a réuni une centaine de jeunes, à l’appel d’un mouvement de la société civile, « Sentinelle debout pour le Mali », selon un journaliste de l’AFP.
Les protestataires, encadrés par des forces de sécurité, ont scandé des slogans hostiles à l’Algérie, qualifiée d’« Etat terroriste » et « ingrat ».
L’armée malienne et l’Alliance des Etats du Sahel (AES), une confédération formée des régimes militaires du Mali, du Burkina et du Niger, ont eu droit à des éloges de la part des manifestants. Ouagadougou et Niamey ont, en solidarité avec le Mali, rappelé leurs ambassadeurs à Alger, dont la mesure de réciprocité a suivi.
« Nous voulons montrer le mécontentement du Mali et des Maliens face aux agissements de l’Algérie », a déclaré à l’AFP Mohamed Kassoum Djiré, président du mouvement à l’initiative de la manifestation.
Le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi se prononce sur la tension entre le Mali et l’Algérie
De son côté, l’ex-ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi a estimé sur X que les déclarations du Mali et de l’AES étaient « excessives, belliqueuses et non conformes à la réalité de la situation ».
« Elles ne favorisent pas l’apaisement recherché par l’Algérie dans sa profondeur stratégique naturelle que le Mali s’emploie à transformer en une zone de confrontation entre les grandes puissances et un espace de lutte d’influence entre les puissances régionales ».
Dans un communiqué, l’Algérie a rejeté les « graves accusations » portées par le Mali. Selon Alger, les données radars de son ministère de la Défense « établissent clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie » par un drone de reconnaissance venu du Mali.
Selon Bamako, une enquête « a conclu avec une certitude absolue que le drone a été détruit suite à une action hostile préméditée du régime algérien ».
Depuis plusieurs années, le Mali reproche à Alger d’entretenir une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans la région frontalière.
Avec AFP