Au Mali, des jihadistes ont attaqué le mardi 1er juillet 2025, des positions de l’armée dans plusieurs localités de l’ouest du pays, dont une située tout près de la frontière sénégalaise, une nouvelle série d’attaques d’ampleur dans un contexte de recrudescence des violences au Sahel.
Dans un communiqué, l’armée malienne a fait état « d’attaques coordonnées perpétrées très tôt ce matin » contre ses positions dans sept villes: Kayes, Niono, Molodo, Sandaré, Nioro du Sahel, Diboli et Gogui. Plus tard dans la journée, elle a évoqué des « attaques simultanées (…) avec l’appui de sponsors dont la présence a été avérée lors des attaques » de mardi.
« L’ennemi » a, selon elle, subi « d’énormes pertes » avec « plus de 80 terroristes neutralisés ».
Un « véritable arsenal de guerre » a été saisi, affirme l’armée, dont des armes, des munitions, du matériel de radiocommunication, des motos et des véhicules.
Ces attaques ont été revendiquées mardi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe) via son canal habituel. Il a revendiqué le « contrôle total de trois casernes ennemies et de dizaines de checkpoints militaires » dans « des attaques coordonnées » à Niono, Diboli, Sandaré, Gogui, Kayes et Nioro, ainsi que des « bombardements d’artillerie sur la caserne » de Molodo.
L’AFP n’est pas en mesure de confirmer cette revendication de source indépendante.
Plusieurs autres importantes attaques revendiquées par le JNIM avaient visé récemment l’armée malienne, notamment un assaut coordonné le 2 juin contre un camp dans la grande ville de Tombouctou (nord) ainsi que son aéroport, au lendemain d’un raid sanglant qui avait coûté la vie à au moins 30 soldats de l’armée dans le centre.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.
« Sous le choc »
Des habitants et un responsable politique local ont confirmé à l’AFP les attaques mardi dans au moins quatre des villes citées dans le communiqué de l’armée (Kayes, Nioro, Sandaré, Gogui).
« Depuis ce matin, des jihadistes en pickup attaquent le camp militaire de Kayes. Nous avons quitté par mesure de précaution notre abri (hangar, NDLR) situé non loin du camp », a témoigné auprès de l’AFP une source policière sous couvert d’anonymat.
« Ici à Kayes ça tire ! Les jihadistes sont dans la ville », a affirmé à l’AFP un habitant de Kayes, principale ville de l’ouest du Mali dans une région éponyme qui a une frontière avec le Sénégal et la Mauritanie.
La localité de Diboli citée dans le communiqué de l’armée est située tout près de la frontière avec le Sénégal.
Mardi soir, un couvre-feu de 30 jours reconductible allant de 21H00 à 06H00 (locales et GMT) a été instauré sur toute l’étendue de la région de Kayes par son gouverneur, le général de brigade Moussa Soumaré.
La circulation des personnes et des moyens de transport est également restreinte dans la région, à l’exception des véhicules et autres engins des services des forces de sécurité et des ambulances munies d’un ordre de mission, selon un communiqué.
Dans un message sur les réseaux sociaux, un responsable politique local de Nioro a déclaré: « la région de Nioro se réveille sous le choc. Les villes de Nioro, Sandaré et Gogui attaquées à la même heure 05h40. Idem pour Kayes ».
Raids sanglants au Mali, incursions dans de grandes villes au Burkina, lourdes pertes militaires au Niger: les jihadistes ont récemment intensifié leurs offensives contre les armées au Sahel.
Les dernières semaines ont été particulièrement meurtrières, avec plusieurs centaines de soldats tués dans des attaques revendiquées au Mali et au Burkina par le JNIM, affilié à Al-Qaïda, et au Niger par l’Etat islamique au Sahel (EIS).
Le JNIM cherche également à s’implanter au Sénégal et en Mauritanie, depuis le Mali, selon une étude du Timbuktu Institute, un centre de réflexion basé à Dakar.
Les juntes de ces trois pays, qui avaient promis lors de leurs putschs de faire du retour de la sécurité une priorité, peinent à endiguer la progression des jihadistes, qui menacent plus que jamais le nord de certains pays côtiers du Golfe de Guinée.
© Avec l’Agence France-Presse