Plus de 2500 tonnes d’or ont été exportées illégalement par le Mali, le Niger et plusieurs autres pays africains vers cette puissance mondiale.
Ce sont-là les chiffres rendus publiques dans un rapport de SwissAid, une ONG basée à Berne en Suisse.
En clair, entre 2012 et 2022, 2 569 tonnes d’or issus du sous-sol africain ont été exportées de manière illicite vers les Émirats Arabes Unis (EAU). Selon le rapport, « ce volume correspondrait à une valeur nominale de 115,3 milliards de dollars, soit 69 840 milliards FCFA (au prix de l’or le 1er mai 2024), faisant des EAU la principale destination de l’or de contrebande africain ».
Intitulée “Sur la piste de l’or africain – quantifier la production et le commerce afin de lutter contre les flux illicites”, l’étude a comparé les quantités d’or que des pays africains déclarent avoir exportées et ceux que les pays importateurs déclarent avoir réceptionné.
La comparaison permet de constater d’importants écarts imputables au fait que les volumes déclarés en Afrique sont très largement inférieurs à ceux des pays destinataires.
“Après avoir analysé les données dans le détail, SwissAid est arrivée à la conclusion que ces écarts peuvent être attribués à la contrebande”, souligne le document. Ainsi pour l’année 2022 par exemple, les volumes déclarés par l’ensemble des exportateurs africain d’or ne représentait que 43,5% de la quantité que les EAU ont indiqué avoir importé de l’Afrique.
En clair c’est 405 tonnes qui ont été expédiées au cours de l’année en toute opacité soit plus d’une tonne par jour.
Si l’écart a été le plus important pour l’Émirat, d’autres pays comme la Suisse (21 tonnes) et l’Inde (15 tonnes) ont accueilli de l’or de contrebande sur leur territoire. Les EAU abritent au moins 20 raffineries d’or et plus de 7 000 négociants en métaux et pierres précieux.
Selon SwissAid, le métal précieux se retrouverait illégalement à Dubaï via des raffineries situées dans des pays comme l’Ouganda, le Cameroun et le Rwanda.
Interrogé par l’ONG, le ministère émirati des Affaires étrangères dit avoir pris “des mesures importantes pour répondre aux préoccupations concernant la contrebande d’or, reconnaissant les risques posés par de telles activités”.
Mali, Ghana, Guinée…, terreau fertile de l’or de contrebande
L’étude révèle par ailleurs que l’or de contrebande est favorisé par une faible exploitation industrielle et la prolifération de l’extraction minière artisanale et à petite échelle (EMAPE).
En raison d’un contrôle quasi inexistant, 80 à 85% de la production est sortie frauduleusement vers l’Asie alors que l’or industriel africain est majoritairement exporté en Afrique du Sud.
Selon les auteurs de l’étude, 15 des 54 pays africains produisent de l’or de manière artisanale et à petite échelle, mais ne rapportent officiellement aucune production.
Le Mali, le Ghana et le Niger sont les fournisseurs les plus dynamiques des EAU en matière d’or de contrebande, signale SwissAId ; tandis que l’Égypte, le Rwanda et le Sénégal occupent le bas du tableau.
Par exemple, depuis 2016 les données officielles révèlent que le Mali exporte annuellement 6 tonnes d’or issue de la production artisanale or l’étude comparative de l’ONG indique entre 30 et 57 tonnes.
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