Mali, Niger Burkina Faso : voici ce que perd l’AES en utilisant le FCFA, les pertes vont doubler

Mali, Niger Burkina Faso : voici ce que perd l'AES en utilisant le FCFA, les pertes vont doubler

Crédit photo : Service d'Information du gouvernement du Burkina Faso sur Facebook

Depuis plusieurs décennies, les économies du Niger, du Mali et du Burkina Faso (réunis au sein de l’AES) sont arrimées à une monnaie héritée de la colonisation : le FCFA. Si cette devise garantit une certaine stabilité nominale, elle est aussi source de débats récurrents sur sa pertinence pour des pays en quête de souveraineté économique et de développement autonome.

Réunis au sein de l’AES, le Mali, le Niger et le Burkina Faso entendent tourner dos au FCFA, qualifié de monnaie coloniale.

Alors que l’Alliance des États du Sahel (AES) multiplie les consultations en vue de créer une nouvelle monnaie régionale, il devient urgent de poser un diagnostic rigoureux sur ce que le franc CFA a réellement coûté et continue de coûter à nos économies.

Les partisans du franc CFA mettent en avant sa stabilité et la faible inflation dans les pays utilisateurs. Mais ces avantages ont un prix élevé : perte de souveraineté monétaire, contraintes budgétaires sévères, et dépendance structurelle à une ancienne puissance coloniale.

À l’inverse, l’adoption d’une monnaie nationale ou régionale permettrait aux pays de l’AES de regagner leur capacité à émettre de la monnaie, ajuster les taux d’intérêt et intervenir sur les marchés de change en fonction de leurs réalités économiques spécifiques.

Certes, le passage à une monnaie propre n’est pas sans risques instabilité possible, inflation, perte temporaire de confiance mais les bénéfices à long terme en matière de souveraineté, de flexibilité économique et de développement endogène sont immenses.

La création d’une monnaie commune dans l’espace AES parfois évoquée sous le nom de « Sahel » n’est plus un tabou mais une nécessité stratégique. Comme l’a déclaré récemment le président nigérien, le général Abdourahamane Tiani : « La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation. »

Il ne s’agit pas d’un simple symbole politique, mais d’un levier économique majeur. Une monnaie indépendante permettrait de financer les investissements productifs, soutenir l’agriculture et l’industrie locale, et renforcer le commerce intra-africain.

En tant qu’économiste, j’ai développé une approche préliminaire pour mesurer les pertes dues à l’utilisation du franc CFA dans les pays de l’AES.

Variables clés :

  1. Pertes liées aux réserves déposées au Trésor français : calcul de la rémunération perdue sur les 50 % de devises immobilisées.
  2. Différentiel de croissance économique : estimation de la croissance potentielle si les pays avaient eu une monnaie plus flexible.
  3. Structure des échanges commerciaux : pertes dues à une spécialisation forcée et à la faiblesse du commerce intra-africain.
  4. Manque à gagner fiscal : impact de la monnaie sur la base fiscale et l’endettement local.

Pays Pertes estimées annuelles liées au CFA (en milliards de FCFA)

Niger 350 à 500 milliards FCFA

Mali 400 à 600 milliards FCFA

Burkina Faso 380 à 550 milliards FCFA

Total AES Environ 1 200 à 1 600 milliards FCFA

Ces montants pourraient doubler si l’on considère une période de 20 à 30 ans.

Chaque jour d’utilisation du FCFA coûte au Niger plus de 1 à 1,5 milliard de

francs : « Pensez-y, chaque jour, le Niger à lui seul perd plus d’un milliard en utilisant le franc !

La monnaie est un outil de pouvoir. Tant que nos pays resteront prisonniers du franc CFA, leur destin économique sera dicté par des logiques extérieures. Il est temps de reprendre le contrôle de nos politiques économiques, de bâtir une monnaie forte au service de nos peuples, et de tourner enfin la page de la dépendance monétaire.

La réforme ne sera pas facile, mais elle est incontournable si l’on veut bâtir un Sahel souverain, prospère et maître de ses choix.

Cette analyse ne reflète aucunement la position de notre rédaction. Elle a été faite par Salifou Ibrahim Économiste nigérien, acteur de la société civile et consultant indépendant.

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