Au Mali, plus de 40 000 personnes sont touchées par la suspension de l’aide internationale des États-Unis.
Deux semaines seulement après sa signature, le décret pris par Donald Trump en vue de suspendre l’aide internationale américaine pour 90 jours a déjà des conséquences néfastes dans de nombreux pays, notamment en Afrique.
C’est par exemple le cas au sein de l’ONG Alima, spécialisée dans la médecine d’urgence et les soins médicaux : présente en Haïti et dans 12 pays du continent, l’organisation basée à Dakar a immédiatement été contrainte de réduire plusieurs programmes, notamment au Mali.
Pour Alima, c’est un soutien crucial. Au sein de l’ONG, l’aide internationale américaine représente 25 % des financements, soit un quart du total des sommes versées à l’organisation. Alors après la signature par Donald Trump le jour même de son investiture, le 20 janvier 2025 d’un décret qui la suspend pour 90 jours, l’organisation ne cache pas son inquiétude. Ces derniers jours, elle a, en effet, déjà reçu l’ordre de geler cinq projets médicaux dans des régions en situation de crise au Cameroun, au Tchad, en Haïti et au Mali.
Programmes réduits, 40 000 patients en sursis
« Nous sommes assez inquiets pour des pays comme le Mali, explique ainsi Henri Leblanc, le directeur adjoint d’Alima. Nous y mettons en oeuvre, sur financements américains, des projets dans des districts sanitaires comme Niono, Macina ou Bandiagara [dans le centre du pays] qui sont des zones où l’accès aux soins est très fragile [les populations qui y vivent sont prises en étau entre les jihadistes du Jnim, liés à al-Qaïda, dont elles subissent les attaques, et l’armée malienne et ses supplétifs – le groupe russe Wagner et les chasseurs traditionnels dozos – dont elles souffrent des opérations de représailles, NDLR]. Cela signifie que des patients ne seront pas traités, que des bénéficiaires n’auront pas accès à un suivi médical. Pour les 90 jours à venir, nous estimons qu’à peu près 40 000 personnes n’auront plus d’accès aux soins si nous devons suspendre nos activités », poursuit celui-ci. Si elles ont été immédiatement réduites, les activités concernées n’ont cependant pas été fermées, en attendant d’y voir plus clair.
Clarifications et alternatives
Il faut dire que de nombreuses zones de flou entourent encore ce décret signé par Donald Trump quelques minutes seulement après son investiture à Maison Blanche. D’une part, des exemptions au texte ont depuis été progressivement annoncées, comme par exemple pour « les abris et l’aide à la subsistance » dans les situations d’urgence ou encore pour « les médicaments essentiels à la survie ». De l’autre, le manque d’indications fournies par l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) est, en lui-même, une source de difficultés.
« Les informations que nous recevons de la part de l’USAID ne nous permettent pas de nous assurer que, malgré les exceptions dont on nous a informés ces derniers jours, les activités d’Alima sont sécurisées », déplore ainsi le directeur adjoint de l’ONG médicale.« Ce dont nous avons besoin assez urgemment, c’est de clarifications pour savoir quel type d’activités médicales nous pouvons poursuivre, et quels sont celles auxquelles nous devons trouver des alternatives », poursuit Henri Leblanc qui précise, non sans inquiétude, que « trouver des alternatives prend du temps, et que ce temps, ce sont des patients que nous ne pourrons pas prendre en charge ».
Si les financements américains devaient être remplacés, Alima estime à un million de dollars la somme à trouver en urgence… pour la seule période de gel de 90 jours qui a démarré le 20 janvier.
Il ne reste plus qu’à espérer que le président des États-Unis, Donald Trump, revienne sur sa décision afin que ces personnes touchées au Mali puissent recevoir l’aide qu’il faut.