Le Mali fait face depuis le jeudi 17 avril 2025 à une nouvelle paralysie, cette fois-ci économique : la grève des banques.
Le secteur bancaire a en effet entamé un mouvement de grève de 72 heures qui plonge le quotidien des Maliens dans l’incertitude.
À l’origine de cette mobilisation sans précédent : l’arrestation de deux agents d’Ecobank, accusés d’avoir délivré de fausses garanties dans une affaire impliquant la société publique Énergie du Mali.
Des interpellations jugées « arbitraires » par le Syndicat national des banques, assurances, établissements financiers, commerces et stations-service du Mali (SYNABEF), qui y voit une violation des droits fondamentaux des travailleurs.
« Notre volonté, ce n’est pas la grève. Notre objectif, c’est de pouvoir résoudre ce problème », affirme Abdoulaye Keita, secrétaire général adjoint du SYNABEF, laissant la porte ouverte aux négociations.
Pourtant, les discussions entamées depuis le dépôt du préavis le 2 avril 2025 n’ont pas abouti, malgré les quinze points de revendication clairement formulés autour de la protection juridique du personnel et l’amélioration des conditions de travail.
Une grève des banques difficile pour les populations du Mali
La population subit de plein fouet les conséquences de ce bras de fer. Devant les agences bancaires aux rideaux baissés, l’incompréhension domine.
« On nous prive de nos droits à cause d’une situation qui implique une ou plusieurs personnes et qui ne nous concerne pas », s’indigne Issiaka aux micros de DW, venu effectuer une opération à un guichet automatique hors service.
La grève affecte aussi l’ensemble de l’écosystème financier et commercial : banques, instituts de microfinance, assurances, mais également stations-service des groupes internationaux comme Shell, Total ou Oryx. Les files d’attente s’allongent devant les rares points d’approvisionnement en carburant restés ouverts.
Pour les chrétiens qui préparent les célébrations pascales, le timing est particulièrement malheureux.
« C’est une situation gênante parce que beaucoup de fidèles chrétiens vont commencer les courses pour mieux passer les fêtes de Pâques », témoigne un client frustré devant une agence de la Banque malienne de solidarité.
Si le mouvement initial se limite à 72 heures, le SYNABEF n’exclut pas une reconduction pour 120 heures supplémentaires du 22 au 26 avril en l’absence d’avancées dans les négociations.
Une perspective qui inquiète les observateurs économiques, alors que les banques maliennes jouent un rôle crucial dans le maintien des échanges commerciaux et des transferts financiers, essentiels pour un pays enclavé comme le Mali.