Mali : les autorités réalisent un exploit de taille ; 35 tonnes de médicaments…

Mali

Crédits photo : Pexels / @Photo By: Kaboompics.com

Dans un coup de filet d’une ampleur sans précédent au Mali, les autorités viennent de porter un coup sévère au trafic de médicaments contrefaits qui gangrène l’Afrique de l’Ouest.

L’opération « Furajugukèlè », menée par l’Office central des stupéfiants (OCS) du 18 au 27 février 2025, a en effet permis la saisie de plus de 35 tonnes de produits pharmaceutiques illicites et l’interpellation de quatre individus impliqués dans ce réseau tentaculaire.

Cette saisie record illustre l’ampleur d’un fléau qui ne cesse de s’étendre dans la région.

Les médicaments interceptés – antibiotiques, antipaludéens, aphrodisiaques, analgésiques et antituberculeux – constituent une menace directe pour la santé publique.

Fabriqués dans des conditions douteuses, sans respect des normes pharmaceutiques élémentaires, ces contrefaçons sont responsables, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de près de 100 000 décès annuels sur le continent africain.

Une opération bien préparée au Mali

L’opération « Furajugukèlè » s’est concentrée sur deux zones névralgiques du trafic : Kayes et Douentza.

Située à l’ouest du pays, à proximité de la frontière sénégalaise, Kayes représente un carrefour stratégique pour les échanges commerciaux avec les pays côtiers.

Sa position géographique en fait un point de passage privilégié pour les réseaux de contrebande qui profitent des flux transfrontaliers intenses.

Douentza, au centre du Mali, joue quant à elle un rôle de plaque tournante entre le nord et le sud du pays, dans une région où l’instabilité sécuritaire offre un terreau favorable à l’implantation de réseaux criminels organisés.

Par ailleurs, cette opération s’inscrit dans une série d’interventions d’envergure menées récemment par les autorités maliennes.

En novembre 2024, les douanes avaient déjà intercepté 30 tonnes de médicaments contrefaits au poste-frontière de Koury, dissimulés sous des marchandises licites.

Une autre saisie similaire avait été réalisée à Hérémakono le même mois, avec plus de 51 millions de comprimés et des milliers de litres de sirop et d’insecticides.

Plusieurs facteurs expliquent l’expansion inquiétante de ce commerce illégal. L’accessibilité limitée aux médicaments de qualité pousse de nombreux Maliens vers des circuits informels, où les prix sont plus abordables, mais les risques considérables.

La porosité des frontières et le manque de ressources des autorités facilitent l’acheminement de grandes quantités de produits frauduleux.

Par ailleurs, des réseaux criminels organisés exploitent ces failles systémiques pour maximiser leurs profits, souvent avec la complicité d’acteurs du secteur pharmaceutique.

Les conséquences de ce trafic dépassent largement le cadre sanitaire. Sur le plan médical, l’usage de médicaments contrefaits entraîne des résistances aux traitements, des intoxications graves et parfois des décès.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, les faux médicaments contre le paludisme et la tuberculose sont particulièrement meurtriers. Sur le plan économique, cette contrebande représente un manque à gagner considérable pour l’industrie pharmaceutique légale et sape la confiance des populations envers le système de santé officiel.

Si l’opération « Furajugukèlè » constitue indéniablement un succès pour les autorités maliennes, elle révèle aussi l’ampleur d’un phénomène qui nécessite une réponse coordonnée à l’échelle régionale.

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