Le retour au Mali d’un influent imam critique de la junte a été « ajourné » ont indiqué ses proches alors qu’il était attendu ce vendredi 14 février 2025 à Bamako et que les autorités avaient déployé un important dispositif sécuritaire autour de l’aéroport.
L’imam Mahmoud Dicko est la figure tutélaire d’un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta renversé par un coup d’Etat militaire en 2020.
Soutien des putschistes à leur début, il a ensuite pris ses distances avec eux, avant de devenir l’une des voix les plus critiques du régime, plaidant pour un retour des civils au pouvoir.
Il vivait en Algérie depuis décembre 2023 après sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune.
« Désaccords avec la junte au pouvoir »
Ce chef religieux est l’un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir. Il est également l’un des rares à sembler pouvoir mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire.
L’annonce de son éventuel retour vendredi a provoqué l’inquiétude de la junte qui avait déjà, en mars 2024, dissout une association le soutenant, la Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS).
Vendredi, la présence massive de policiers et de gendarmes était visible autour de l’aéroport de Bamako où des bouchons s’étaient formés, a constaté un journaliste de l’AFP.
« La Commission de soutiens de l’Imam Mahmoud Dicko, en réponse aux sollicitations de plusieurs personnalités appelant au report du retour du leader, Chiekh Imam Dicko, prévu initialement ce 14 février, et à cause du dispositif militaire déployé pour des fins que nous ignorons, a décidé en toute responsabilité et en mettant en avant l’unité nationale et l’intérêt supérieur de notre peuple d’ajourner ce retour », dit-elle dans un communiqué.
Éviter toute confrontation avec nos forces de l’ordre
« Cette décision vise à éviter toute confrontation avec nos forces de l’ordre, déployées pour empêcher une arrivée mal perçue », ajoute-t-elle.
La junte, dirigée par le général Assimi Goïta après un double coup d’Etat en 2020 et 2021, avait décrété en 2022 que les militaires céderaient le pouvoir aux civils à l’issue d’une période dite de transition s’achevant le 26 mars 2024, après une présidentielle prévue en février de la même année. Les militaires ont depuis annoncé le report de la présidentielle à une date toujours inconnue.
Elle a réduit au silence l’opposition par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, les dissolutions d’organisations, les restrictions à la liberté de la presse et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour d’elle face à une multitude de défis.
© AVEC AFP