Au Mali, le gouvernement a réussi un exploit que beaucoup croyaient impossible : amener les banques à suspendre leur grève.
En effet, le Syndicat national des banques, assurances, établissements financiers, commerces et stations-service du Mali (SYNABEF) a annoncé la suspension de son mouvement de grève après des négociations fructueuses avec le Premier ministre Abdoulaye Maïga.
Cette décision met fin à une paralysie économique qui menaçait de s’aggraver dans ce pays sahélien déjà confronté à de multiples défis.
Les discussions, tenues le vendredi 18 avril 2025 à la Primature, ont effectivement permis d’aboutir à ce que le syndicat qualifie de « garanties données par les autorités pour trouver une solution aux différents points de blocage ».
Abdoulaye Keïta, secrétaire général adjoint du SYNABEF, a officialisé cette suspension directement depuis les locaux du Premier ministre, comme l’ont montré les images diffusées par l’ORTM, la télévision nationale malienne.
Le mouvement de grève, qui avait débuté le jeudi 17 avril, avait provoqué la fermeture des agences bancaires, d’assurance, de microfinance et même de nombreuses stations-essence à travers le pays.
Cette mobilisation sans précédent avait plongé le quotidien des Maliens dans une incertitude profonde, particulièrement préjudiciable pour les chrétiens qui préparaient les célébrations pascales.
Au cœur des revendications du SYNABEF figurait principalement la libération de deux cadres d’Ecobank, arrêtés fin février et inculpés pour « complicité de faux et usage de faux » dans une affaire impliquant la société publique Énergie du Mali.
Le syndicat, qui rejette catégoriquement ces accusations, avait qualifié ces interpellations d’« arbitraires » et y voyait une violation des droits fondamentaux des travailleurs du secteur bancaire.
Selon un message interne du secrétaire général d’Ecobank, Seydou Coulibaly, consulté par RFI, le syndicat estime avoir « obtenu des engagements fermes sur la majeure partie de ses quinze revendications ».
Parmi ces avancées figure notamment la perspective d’une remise en liberté des deux banquiers dont l’avocat a déposé une demande de libération provisoire en début de semaine.
Le Premier ministre Abdoulaye Maïga s’est engagé à « ne ménager aucun effort pour honorer ses engagements », constatant des « avancées notables » dans les négociations.
Toutefois, ni le gouvernement ni le syndicat n’ont détaillé publiquement la nature exacte des accords conclus, maintenant une certaine réserve sur le contenu précis du compromis trouvé.
Cette résolution intervient après plusieurs semaines de discussions infructueuses depuis le dépôt du préavis de grève le 2 avril.
Le SYNABEF avait clairement formulé quinze points de revendication concernant notamment la protection juridique du personnel et l’amélioration des conditions de travail dans le secteur bancaire malien.
La suspension de ce mouvement social représente un soulagement considérable pour l’économie malienne et la population.
Pendant les deux jours de grève, de nombreux citoyens s’étaient retrouvés dans l’impossibilité d’effectuer leurs opérations bancaires habituelles, confrontés à des guichets automatiques hors service et des agences aux rideaux baissés.