Coup de tonnerre au Sahel. Le gouvernement de transition au Mali a procédé jeudi à l’enterrement pur et simple de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 avec les groupes rebelles du Nord. Un texte pourtant essentiel pour stabiliser le pays.
Dans un communiqué télévisé, le porte-parole de la junte, le colonel Abdoulaye Maïga, a officialisé « la fin, avec effet immédiat » de cet accord.
Des groupes signataires sont accusés d’avoir changé de posture, tandis que l’Algérie se voit reprocher des « actes d’hostilité » en tant que pays superviseur des négociations.
Cette décision fragilise un peu plus le processus de paix entamé en 2015 pour mettre fin à l’insurrection indépendantiste touareg et intégrer les combattants dans l’armée nationale.
Le texte était déjà moribond depuis la reprise des combats en 2023.
Mais pour le régime malien, il s’agit d’une étape supplémentaire dans sa logique de rupture avec ses partenaires historiques.
Après avoir congédié l’opération Barkhane et la Minusma, la junte s’affranchit désormais des bases mêmes ayant permis une décennie de dialogue avec le Nord.
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Le gouvernement met fin à l'accord d'Alger en raison des actes d'hostilité de l'AlgérieLe gouvernement malien a annoncé ce jeudi 25 janvier 2024 la fin de l'accord d'Alger, signé en 2015 avec la communauté internationale pour mettre fin à la crise malienne.… pic.twitter.com/40VfRdqxnC
— AES INFO (@AESinfos) January 25, 2024
Vives tensions entre le Mali et Alger
Dans la foulée de cette annonce, Bamako a aussi vertement tancé son grand voisin algérien, l’accusant d’« ingérence » et d’actes « inamicaux ».
L’Algérie est montrée du doigt pour avoir accueilli certains groupes armés dorénavant considérés comme terroristes par les autorités maliennes.
Ces piques acérées illustrent la détérioration exponentielle des relations diplomatiques entre les deux pays ces derniers mois. La junte au pouvoir depuis 2020 reproche régulièrement à Alger son attitude hautaine et interventionniste.
Ce nouvel accroc avec celui qui fut longtemps son allié primordial confirme l’isolement grandissant du régime malien sur la scène internationale.
En rupture avec Paris et Washington, et en froid avec Alger, le colonel Assimi Goïta gouverne de plus en plus seul à Bamako.
Une situation qui hypothèque lourdement les chances de régler un conflit débordant largement sur les Etats voisins du Sahel, Burkina Faso et Niger en tête, également secoués par des coups d’Etat militaires.
La fin de non-recevoir opposée à l’accord d’Alger pourrait donc faire des émules…
Source : Avec l’AFP
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