La junte au pouvoir au Mali a suspendu pour trois mois la diffusion de la chaîne francophone TV5 Monde pour avoir, selon elle, manqué « d’équilibre » dans le traitement d’une information, indique une décision consultée mercredi par l’AFP.
La Haute autorité de la communication (HAC) reproche à TV5 Monde d’avoir fait état, dans son journal Afrique très suivi dans le pays, de la mort d’au moins quinze civils dans des frappes de drone à Tinzaouatène (nord) sans prendre en compte la version de l’armée malienne, selon cette décision.
Les colonels qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta en 2020 ont rompu en 2022 l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers Moscou.
Depuis, les colonels maliens ont suspendu les médias français France 24 et Radio France Internationale (RFI), très suivis. France 2 avait aussi été suspendue début 2024, avant que LCI ne connaisse le même sort fin août.
Les correspondants d’un certain nombre de médias étrangers ont été contraints au départ, à l’exil ou au silence faute de pouvoir travailler.
Sur le plan intérieur, la junte avait aussi interdit en avril aux médias de couvrir les partis politiques, ce qui avait suscité des réactions internationales et de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, bien que l’opposition soit dans une large mesure condamnée au silence au Mali.
Au Burkina Faso et au Niger, voisins du Mali, des militaires se sont également emparés du pouvoir par la force, en 2022 et 2023, et ont pris des mesures contre la presse étrangère.
La chaîne TV5 Monde, qui a pour vocation de promouvoir la culture et la création francophone sous toutes ses formes, est l’opérateur officiel de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Son capital est partagé entre des entreprises audiovisuelles publiques françaises (dont France Télévisions), belge, suisse, canadienne et québécoise.
© AVEC AFP