Au Mali, deux opposants ont disparu depuis 08 jeudi mai après avoir été enlevés par des « hommes masqués et armés », a dénoncé vendredi 09 mai 2025, Human Rights Watch (HRW), alors que les partis politiques tentent depuis plusieurs semaines de faire entendre leur voix face à la junte au pouvoir.
Le secrétaire général du parti d’opposition Convergence pour le développement du Mali (CODEM), Abba Alhassane, 68 ans, « a été arrêté à son domicile à Bamako par des hommes armés et masqués se faisant passer pour de gendarmes », selon HRW qui a interrogé ses collègues. Ils l’ont ensuite « emmené dans une voiture banalisée », poursuit l’organisation dans un communiqué.
Le même jour, un responsable du parti Le Changement (Yelema), El Bachir Thiam, « a été emmené par des hommes non identifiés dans les rues de Kati », près de Bamako, rapporte HRW, citant également des membres de son parti et des médias locaux.
« Les collègues d’Alhassane et Thiam ont déclaré les avoir recherchés dans les commissariats de police et de gendarmerie de Bamako et de Kati, en vain », affirme l’ONG.
Les deux responsables politiques « sont actuellement entendus par les autorités compétentes pour des besoins d’enquête », a affirmé à l’AFP un responsable du ministère de l’Administration territoriale sous couvert d’anonymat car n’étant pas habilité à se prononcer.
Leur disparition intervient dans un contexte de vives tensions entre les militaires et les partis politiques qui soupçonnent la junte de vouloir les dissoudre.
Après avoir été longtemps réduits au silence par les militaires, de nombreux partis regroupés au sein d’une coalition ont réussi à mobiliser plusieurs centaines de personnes lors d’une manifestation le week-end passé à Bamako.
Cette protestation est l’une des rares dans le pays depuis l’arrivée de la junte après un double coup d’État en 2020 et 2021.
Selon HRW, les partis de MM. Alhassane et Thiam faisaient partie des formations politiques qui ont pris part à la manifestation.
Depuis, les militaires ont annoncé la suspension jusqu’à « nouvel ordre » de toutes les activités politiques dans le pays, invoquant des « raisons d’ordre public ».
La junte a manqué à son engagement ont de céder la place à des civils élus en mars 2024.
Fin avril, une concertation nationale organisée par le régime à Bamako, largement boycottée par les partis d’opposition, avait recommandé la dissolution des formations politiques.
Avec AFP