La junte au pouvoir au Mali doit « immédiatement abroger » le décret, rendu public le mercredi 7 mai 2025, qui suspend les activités des partis politiques et des associations, ont exigé des experts indépendants de l’ONU.
« Ce décret, suspendant les activités politiques, doit être immédiatement abrogé », ont souligné les experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, mais qui ne parlent pas au nom de l’ONU.
« De plus, s’il est adopté, le projet de loi du 30 avril mettra le Mali en contravention avec ses obligations en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne les libertés d’association et d’expression », ont-ils ajouté.
L’adoption d’un projet de loi abrogeant les protections fondamentales de la participation politique par le Conseil des ministres du 30 avril 2025 et la signature d’un décret le 7 mai 2025 suspendant les activités des partis politiques jusqu’à nouvel ordre constituent une violation directe des droits humains fondamentaux, rappelle le groupe d’experts, dont Eduardo Gonzalez, expert indépendant sur la situation des droits humains au Mali.
La junte avait invoqué une « raison d’ordre public », alors qu’une nouvelle coalition d’opposition appelle à la mobilisation depuis plusieurs jours.
Cette restriction supplémentaire à toute expression d’opposition sous la junte intervient après que la coalition de partis politiques a appelé à manifester, contre leur possible dissolution et pour un retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.
Les experts contestent l’argument des autorités selon lesquelles ces mesures visent à mettre fin à la prolifération des partis politiques dans le pays, tout comme l’explication du gouvernement selon laquelle ses propositions sont directement issue de différents dialogues nationaux.
« Aucune consultation véritable n’est possible dans le climat actuel de suppression de l’espace civique, où les opposants et les journalistes indépendants ont des raisons de craindre que la liberté d’expression soit sanctionnée », ont estimé les experts.
À la veille des manifestations prévues le vendredi 9 mai 2025, les experts rappellent que « le droit de se réunir pacifiquement est essentiel à la santé d’une communauté politique dynamique ».
« Les autorités maliennes de transition doivent le respecter scrupuleusement et s’abstenir d’actes d’intimidation et de répression mettant en péril l’intégrité physique et les droits des manifestants », ont-ils souligné.
© AFP