L’organe législatif au pouvoir au Mali a adopté ce lundi 12 mai 2025 un projet de loi supprimant la charte des partis politiques, qui craignent par ce biais leur dissolution.
Cette charte fixe le cadre moral et juridique des partis, ainsi que leur fonctionnement, leur formation, leur création et leur mode de financement. Son abrogation doit être promulguée par le président de la transition, le général Assimi Goïta, pour entrer en vigueur.
Une concertation nationale organisée les 28 et 29 avril 2025 avait préconisé la dissolution des partis et le durcissement de leur création.
Cette rencontre, marquée par la présence des soutiens du régime, mais boycottée par la plupart des formations politiques, a également proposé la proclamation sans élection cette année général du Assimi Goïta, comme président pour un mandat de cinq ans renouvelable.
Le pouvoir a déjà suspendu la semaine dernière les activités des partis politiques et des associations, invoquant une « raison d’ordre public », une décision alors « catégoriquement » rejetée par une coalition de partis d’opposition comme une restriction supplémentaire à toute expression divergente.
Le texte supprimant la charte des partis au Mali a été voté lundi à 130 voix pour et deux abstentions par le Conseil national de transition (CNT), dont les membres ont été nommés par les militaires arrivés au pouvoir après deux coups d’Etat en 2020 puis en 2021.
Fin avril, le gouvernement avait adopté l’abrogation de cette loi d’août 2005 encadrant le fonctionnement des partis politiques, une décision interprétée par des juristes comme une étape vers leur dissolution.
« L’abrogation de cette loi ne met pas en cause l’existence des formations politiques », avait expliqué le même jour le directeur général de l’administration du territoire, Abdou Salam Diepkile, sur la chaîne publique ORTM.
Selon lui, cette décision s’inscrit dans une volonté d’« arrêter la prolifération des partis politiques » dans le pays.
Des milliers de manifestants se sont mobilisés dans les rues de Bamako début mai à l’appel d’une coalition de partis contre cette dissolution annoncée et pour un « retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
Les militaires ont manqué à leur engagement de céder la place à des civils élus en mars 2024.
L’opposition a déjà été réduite à l’impuissance par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, des dissolutions d’organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour du pouvoir dans un pays confronté depuis 2012 au jihadisme et à une crise économique.
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