Au Mali, Assimi Goïta est dans la tourmente depuis la sortie médiatique de son Premier ministre, Choguel Maïga.
En effet, celui-ci a critiqué les militaires au pouvoir et notamment le report des élections, présenté comme une décision dangereuse et unilatérale.
Depuis sa sortie, des voix s’élèvent pour demander son départ du gouvernement.
« C’est à la fois ridicule et courageux, juge un ancien ministre. Il vilipende le régime qu’il sert, ce n’est pas digne d’un homme d’État ! On n’est pas dans une cour de récréation, il est libre de démissionner ! On peut juste lui reconnaître qu’il n’a pas peur de parler, poursuit cette source, et qu’il n’a pas peur d’aller en prison », analyse un farouche opposant.
Acteurs ou analystes de la vie politique malienne, tous considèrent que Choguel Maïga ne démissionnera jamais de lui-même et qu’il cherche à se faire limoger pour se poser en victime et en défenseur des idéaux de la Transition.
Un objectif qui relève de la survie politique pour le Premier ministre de Transition, qui tente ainsi de conserver du crédit et de se ménager une porte de sortie.
« Logique de déstabilisation »
Mais « on ne lui permettra pas de dicter l’agenda », estime un autre politologue malien, qui rappelle que la révocation du Premier ministre impliquerait de facto la dissolution du gouvernement.
Au Mali, Si les militaires au pouvoir dirigés par Assimi Goïta n’ont pas commenté la diatribe de Choguel Maïga, les organisations qui les soutiennent, et qui leurs servent régulièrement de porte-flingue, donnent le ton : le CDM (Collectif pour la défense des militaires) estime que Choguel Maïga est désormais dans une « logique de déstabilisation » et l’accuse même de « haute trahison ».
L’Arema (Alliance pour la refondation du Mali) demande sa « révocation » pour « faute grave et atteinte au crédit de l’État ».
D’autres organisations pro-junte leur ont emboîté le pas (Association des femmes du camp de Kati, FPR-Maliko, CSIA, UPM, MRC…). Des rassemblements et des conférences de presse ont même été organisés ce mardi pour accentuer la pression.
Choguel Maïga s’expose également à des poursuites judiciaires et à une possible détention. L’un de ses proches collaborateurs, qui avait exprimé les mêmes griefs au mois de mai dernier dans un « memorandum » qu’il avait signé de son nom, avait dans la foulée été emprisonné et condamné pour « atteinte au crédit de l’État ». Le scénario d’un limogeage et/ou d’une arrestation n’est donc pas à exclure.
« Il pourrait au minimum être placé en résidence surveillée », envisage un universitaire malien, qui juge « très fort probable » qu’une action judiciaire soit enclenchée à son encontre en cas d’éviction de la primature : « Parce que s’il est définitivement écarté, il ne se taira pas ».
Mais une procédure judiciaire renforcerait aussi son discours de martyr et sa tentative de repositionnement en opposant, et la transition malienne a déjà montré qu’elle offrait un champ des possibles très vaste.