Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad : la France et l’Union Européenne ont perdu gros

Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad : la France et l'Union Européenne ont perdu gros

Crédits photo : RTBF / © AFP / ANDREI PUNGOVSCHI

En Afrique de l’Ouest notamment au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Tchad, la France et l’Union Européenne ont perdu gros.

La France n’a plus de base militaire au Tchad. Paris a tourné le 30 janvier la page d’une présence de plus de 60 ans dans le pays. Mais surtout elle perd son dernier point d’ancrage dans le Sahel.

Cette rétrocession fait suite à la décision en novembre dernier du président tchadien, Mahamat Idriss Déby Into, de mettre fin aux accords de coopération de défense avec l’ancienne puissance coloniale. Près d’un millier de soldats étaient stationnés dans le camp de Kosseï dans la capitale N’Djamena.

Cette décision s’inscrit dans un mouvement observé depuis 2022. L’armée française s’est retirée du Mali, du Burkina Faso, du Niger, et ce retrait pourrait se poursuivre dans les prochains mois. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont annoncé ces dernières semaines vouloir le départ des forces françaises présentes sur leur territoire

Ces décisions marquent une perte d’influence de la France en Afrique de l’Ouest et un retournement à l’égard de l’ancienne puissance coloniale.

« Les pays de la région cherchent à établir de nouveaux liens, à forger de nouvelles alliances, à tracer leur propre voie », explique Jeremiah Fisayo Bambi, journaliste à Euronews.

Ces pays « veulent garantir leur propre souveraineté et être en mesure de faire leurs propres choix, de prendre leurs propres décisions et de tracer une nouvelle voie ».

Si les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, arrivées au pouvoir après un coup d’Etat, ont cherché la rupture avec la France, le Tchad semble ne pas chercher à couper tous les ponts. N’Djamena évoque un choix de « souveraineté ». Le ton apparaît identique au Sénégal et en Côte d’Ivoire à l’égard de Paris

Cela « envoie un signal fort qu’on ne veut plus avoir cette présence de troupes françaises », reconnaît Nina Wilén, directrice du programme Afrique à l’Institut Egmont.

« Après on a pu voir qu’au Mali l’ambassade française reste. Il y a encore une coopération avec la France, donc ça ne veut pas dire qu’on coupe tous les liens », tempère l’analyste.

Un impact pour l’Union européenne

Ce retrait du Tchad est un coup dur pour les autorités françaises mais il symbolise aussi une perte d’influence de l’Union européenne.

« Je pense qu’il y a beaucoup de leaders de l’Union européenne qui se sont cachés un peu derrière la France (…) pendant les dix dernières années, la France a mené la plus grande opération contre le terrorisme dans le Sahel et ça a arrangé pas mal de pays européens qui ne voulaient pas investir, à mettre des troupes sur le terrain eux-mêmes », assure Nina Wilén.

Mais pour l’analyste, les torts sont partagés. « Il y a d’un côté l’erreur de la France dans la manière et surtout dans l’attitude avec ces différents pays et les leaders des différents pays. Mais il y a aussi une volonté européenne, plus globalement une non-volonté européenne, à investir dans ces pays ».

L’enjeu pour la France et l’UE est de parvenir à maintenir leur influence car le départ des forces françaises ouvre la voie à d’autres acteurs internationaux. Les regards se tournent vers la Russie. Le groupe paramilitaire russe Wagner, rebaptisé Africa Corps depuis la mort de son dirigeant, disposerait d’environ 5 000 agents sur le continent africain.

Selon de nombreux spécialistes, la France et l’Union Européenne se sont tirées une balle dans le pied au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad.