Au Mali, le général Assimi Goïta a donné son feu vert à la société Kodal Minerals pour exporter le lithium de Bougouni.
En effet, la mine de lithium de Bougouni, entrée en production en février 2025, a longtemps symbolisé une richesse encore confinée. Depuis plus de six mois, impossible pour Kodal Minerals, son propriétaire britannique, d’expédier la production vers son acheteur chinois. La raison serait l’absence de permis d’exportation, Bamako souhaitant s’assurer que le lithium du Mali soit vendu au prix du marché.
Le tournant est désormais acté. Sous l’impulsion d’Assimi Goïta, le gouvernement a délivré à Kodal Minerals un permis d’exportation pour le concentré de spodumène produit sur le site. Dans un communiqué publié le 4 septembre 2025, l’entreprise a indiqué que les premiers convois rejoindraient prochainement un port en Côte d’Ivoire, avant d’être acheminés vers Hainan Mining, son partenaire chinois et actionnaire majoritaire de la coentreprise.
Ce permis couvre un volume initial de 125 000 tonnes, mais il s’accompagne de conditions strictes : recours obligatoire à des transporteurs maliens, règlement intégral des taxes et redevances, et surtout adoption d’une tarification indexée sur le Shanghai Metal Market (SMM). Kodal précise avoir déjà signé un contrat avec une grande société de transport du pays, dont la flotte est prête à opérer depuis Bougouni.
Cette exigence de transparence sur la tarification explique en partie le retard. Dès mai, Bernard Aylward, directeur général de Kodal, avait souligné que les autorités tenaient à ce que le lithium du Mali soit vendu aux prix internationaux. Début août, plus de 45 000 tonnes de concentré de spodumène étaient déjà stockées sur le site, attendant simplement le signal de Bamako.
« L’octroi de cette licence constitue une étape cruciale pour le développement de Bougouni et pour l’essor de l’industrie du spodumène au Mali », a déclaré M. Aylward. À ses yeux, ce feu vert traduit le soutien ferme du ministère des Mines et de l’État malien, déterminés à faire du lithium un levier stratégique de croissance.
En arrière-plan, la comparaison avec Goulamina s’impose. Première mine de lithium du pays à entrer en production en décembre 2024, ce projet piloté par le chinois Ganfeng affiche des capacités bien supérieures, avec plus de 500 000 tonnes de concentré expédiées chaque année. Bougouni, avec ses 125 000 tonnes initiales, démarre plus modestement, mais incarne une diversification bienvenue et renforce la place du Mali dans la cartographie mondiale des minerais stratégiques.
À travers cette décision, Assimi Goïta a envoyé un message clair : le Mali veut contrôler, protéger et valoriser ses ressources. Le lithium, moteur des batteries et symbole de la transition énergétique, devient ainsi une carte maîtresse pour l’avenir économique et politique du pays.