Le pape François, 87 ans, s’est envolé ce lundi 2 septembre 2024 pour une visite de trois jours en Indonésie centrée sur le dialogue inter-religieux, première étape de sa tournée marathon aux confins de l’Asie du Sud-Est et de l’Océanie.
L’avion de Jorge Bergoglio a décollé de l’aéroport Rome-Fiumicino à 17H32 (15H32 GMT), selon des journalistes de l’AFP à bord. Il doit atterrir mardi matin (04H30 GMT) à Jakarta, capitale de l’Indonésie, première étape de cette tournée qui le mènera ensuite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour.
Ce périple de 12 jours et 32.000 km – le plus long et le plus lointain depuis son élection en 2013 – s’apparente à un défi physique hors normes pour le jésuite argentin, qui a connu ces dernières années des problèmes de santé mais apparaît souvent revigoré par les voyages et le contact avec les fidèles.
Après Paul VI en 1970 et Jean-Paul II en 1989, il est le troisième pape à se rendre dans l’archipel aux 17.500 îles, où l’on dénombre quelque huit millions de catholiques – moins de 3% de la population – contre le nombre de musulmans le plus élevé de la planète (242 millions, 87%).
A Jakarta, mégalopole polluée et menacée par les inondations, le pape, qui a fait de la défense de l’environnement un leitmotiv de son pontificat, pourrait lancer un nouveau cri d’alarme contre le réchauffement climatique.
Mais cette visite s’articulera surtout autour du dialogue islamo-chrétien, avec une rencontre inter-religieuse jeudi dans la plus grande mosquée d’Asie du Sud-Est, en présence des représentants des six confessions officielles (islam, protestantisme, catholicisme, bouddhisme, hindouisme et confucianisme).
Le pape y signera une déclaration commune avec le grand imam, Nasaruddin Umar, qui aura deux thèmes principaux : la « déshumanisation » liée aux conflits et à la violence contre les enfants et les femmes, et la protection de l’environnement, a confié le président de la Conférence des évêques indonésiens, Antonius Subianto Bunjamin.
La mosquée Istiqlal est voisine de la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomption et les autorités ont fait construire en 2020 un « tunnel de l’amitié » pour relier les deux édifices, symbole de fraternité religieuse.
Un message souhaitant la « Bienvenue au pape François » était visible lundi sur un immense panneau déroulant du centre de Jakarta, tandis que le gouvernement a publié un timbre spécial en son honneur.
– « Mise au point » –
Cette visite est « très importante pour l’avancement des relations inter-religieuses » dans le pays et à l’étranger, a salué lundi le journal indonésien indépendant Jakarta Post dans un éditorial.
Pour autant, « il existe des dissensions au sein même de l’Église catholique. Certains leaders pensent que le bon dialogue inter-religieux, c’est très bien, mais on n’ira pas plus loin que la coexistence pacifique », explique à l’AFP Michel Chambon, théologien et anthropologue, chercheur à l’Université nationale de Singapour.
Des observateurs pointent du doigt une discrimination croissante envers les minorités religieuses, notamment envers les chrétiens dans certaines régions, et des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de prendre des mesures.
En août, le Syndicat des journalistes pour la diversité (Sejuk) a ainsi recensé huit cas de violations de la liberté religieuse comme des actes de violences contre des lieux de culte, des permis de construire refusés et des agressions, a déclaré à l’AFP son directeur, Ahmad Junaidi.
François s’est rendu à plusieurs reprises dans des pays à majorité musulmane et a signé en 2019 à Abu Dhabi un document sur la fraternité humaine avec le grand imam d’Al-Azhar.
A Jakarta, François rencontrera le président sortant Joko Widodo, présidera une messe dans un stade de 80.000 places et prononcera plusieurs discours, dont un aux autorités et au corps diplomatique.
Ce voyage, le 45e du pape argentin à l’étranger, était initialement prévu en 2020 mais avait été reporté en raison de la pandémie.
Depuis, le chef des 1,3 milliard de catholiques, qui aura 88 ans en décembre, a subi une lourde opération de l’abdomen en 2023 et connu des infections respiratoires. Il ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant ou à l’aide d’une canne.
Malgré les contraintes physiques d’un tel voyage, le dispositif médical n’a pas été modifié : François voyagera avec son médecin et deux infirmiers, a indiqué le Vatican.
Avec AFP