Malgré la rupture avec la CEDEAO, les pays de l’AES continuent de séduire les pays d’Afrique de l’Ouest ; 170 milliards en une semaine

AES milliards

Crédit Photo : Collage L-Frii

Dans un contexte géopolitique tendu, les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Burkina Faso, Mali et Niger – maintiennent leur attractivité financière auprès des investisseurs de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).

Cette dynamique, observée lors des récentes émissions de titres publics, témoigne d’une résilience économique inattendue face aux turbulences politiques régionales.

Entre le 2 et le 6 septembre 2024, le marché des titres publics a connu une activité soutenue, avec des sollicitations émanant de plusieurs États membres de l’UEMOA.

La Côte d’Ivoire, le Togo et deux pays de l’AES, à savoir le Mali, le Niger  ont collectivement visé un montant de 175 milliards de francs CFA.

L’intérêt des investisseurs s’est traduit par des propositions atteignant 186,41 milliards FCFA, surpassant les attentes initiales. Finalement, 170,71 milliards FCFA ont été retenus, illustrant un taux d’absorption de 92%.

La Côte d’Ivoire s’est particulièrement démarquée en levant 109,55 milliards FCFA, dépassant son objectif initial de 100 milliards. Cette performance souligne la confiance persistante des investisseurs dans l’économie ivoirienne, malgré les tensions régionales.

Les taux d’intérêt relativement bas témoignent de cette confiance, avec des bons du Trésor à 91 et 364 jours émis à des taux marginaux de 6,5% et 6,78% respectivement.

Le Mali, en phase de reconquête de la confiance des investisseurs, a réussi à lever 22,65 milliards FCFA sur les 25 milliards visés.

Cette performance, bien que légèrement en deçà de l’objectif, signale un regain d’intérêt pour les titres maliens. Les taux plus élevés, notamment 8,95% pour les bons du Trésor et 9,78% pour les obligations à 3 ans, reflètent néanmoins une prime de risque accrue.

Le Niger, confronté à des défis politiques majeurs, a rencontré plus de difficultés, ne parvenant à lever que 10,12 milliards FCFA sur les 20 milliards prévus.

Ce résultat mitigé traduit la prudence des investisseurs face aux incertitudes économiques du pays. Le taux marginal de 9,5% pour les bons du Trésor illustre cette perception du risque.

Le Togo, quant à lui, a confirmé la solidité de sa signature financière en levant 28,39 milliards FCFA, légèrement au-dessus de son objectif, avec des taux relativement bas, témoignant de la confiance des investisseurs.

Ces résultats démontrent que, malgré les tensions géopolitiques et la sortie de certains pays de la CEDEAO, les mécanismes financiers régionaux continuent de fonctionner.

Les investisseurs semblent adopter une approche nuancée, évaluant chaque pays individuellement plutôt que de pénaliser l’ensemble de la région.

Cette résilience du marché des titres publics souligne l’interdépendance économique persistante au sein de l’UEMOA, transcendant les frontières politiques.