L’Union européenne veut réduire les revenus pétroliers de la Russie, pour la contraindre à négocier avec l’Ukraine, quelques jours avant un sommet du G7 au Canada, dont l’UE espère qu’il décidera de nouvelles sanctions contre Moscou.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé mardi d’abaisser de 60 à 45 dollars le plafond du prix de vente du baril de pétrole russe, dans le cadre d’un nouveau « paquet » de sanctions.
« La force est le seul langage que la Russie va comprendre », a-t-elle martelé. « Notre message est très clair: cette guerre doit cesser. Nous avons besoin d’un véritable cessez-le-feu et la Russie doit venir à la table des négociations avec une proposition sérieuse », a-t-elle déclaré devant la presse.
« Les exportations de pétrole représentent toujours un tiers des revenus de la Russie. Nous devons réduire cette source de revenus », a-t-elle souligné.
A la mi-mai, les Européens avaient promis des sanctions massives si la Russie persistait dans son refus d’un cessez-le-feu sans conditions, dont l’Ukraine a déjà accepté le principe.
Ce nouveau paquet de sanctions, le 18e depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine il y a trois ans, doit encore être approuvé par les 27 à l’unanimité. Deux Etats membres, la Hongrie et la Slovaquie, ont déjà exprimé leurs réticences.
Le plafond de 60 dollars le baril avait été fixé par les pays du G7 en décembre 2022. Pour être pleinement efficace, le plafond doit à nouveau être décidé par l’ensemble des sept pays les plus industrialisés. Mais les Etats-Unis de Donald Trump se sont montrés jusqu’à présent réticents à imposer de nouvelles sanctions à la Russie.
« Nous avons commencé à le faire au sein du G7 et cette mesure a été couronnée de succès. Je veux la poursuivre au sein du G7 », a indiqué Mme von der Leyen, à quelques jours du sommet de Kananaskis, au Canada, du 15 au 17 juin.
Réduction de 30%
Selon la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, le seuil de 60 dollars a permis de réduire de 30% les revenus pétroliers de la Russie, essentiels au financement de sa guerre contre l’Ukraine.
La Russie a cependant constitué une flotte « fantôme » de pétroliers pour contourner cette interdiction, estimée à plus de 500 navires, que l’UE a déjà pris pour cible.
Dans le cadre de ce 18e train de sanctions, l’Union veut ajouter 70 pétroliers « fantôme » à sa liste de navires déjà utilisés par Moscou, qui compte actuellement quelque 400 noms.
L’UE envisage en outre d’ajouter 22 autres banques russes à sa liste d’institutions financières privées d’accès au marché international des capitaux via le système Swift. Elle veut aussi ajouter d’autres sociétés, y compris de Chine, à la liste noire de celles qui aident l’armée russe à contourner les sanctions déjà en place.
La Commission européenne prévoit également de nouvelles sanctions contre le gazoduc Nord Stream, à l’arrêt actuellement, pour être certaine qu’il ne puisse pas être réactivé.
« Il n’y aura pas de retour dans le passé », a promis sur ce point Mme von der Leyen. Les Européens, particulièrement les Allemands, ont longtemps été très dépendants du gaz russe.
L’UE a interdit les importations de pétrole russe, mais continue cependant à acheter du gaz russe, la France étant l’un des plus gros acheteurs au sein de l’Union.
La Commission a présenté un plan début mai pour en finir avec le gaz russe, acheminé par gazoduc ou sous forme liquéfiée, d’ici fin 2027.
© Avec l’Agence France-Presse