L’ONU dénonce « le climat de peur » au Venezuela

Credit Photo : Anadolu Ajansı

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a exprimé ce mardi 13 août 2024, sa profonde inquiétude face au nombre élevé de détentions arbitraires au Venezuela et à l’utilisation disproportionnée de la force, ainsi qu' »au climat de peur qui en résulte ».

« Il est particulièrement troublant que tant de personnes soient détenues, accusées ou inculpées pour incitation à la haine ou en vertu de la législation antiterroriste. Le droit pénal ne doit jamais être utilisé pour limiter indûment les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association », a affirmé M. Türk dans un communiqué.

« Dans un climat de peur, il est impossible de mettre en œuvre les principes démocratiques et de protéger les droits humains. Dans un tel climat de peur, lorsque vous êtes en désaccord avec la politique du gouvernement, vous ne l’exprimez pas », a indiqué sa porte-parole, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse régulier.

Cet avertissement survient au lendemain de l’appel à la fermeté du président vénézuélien Nicolas Maduro, qui a exigé que les services de l’Etat agissent avec une « main de fer » après les troubles ayant éclaté suite à la proclamation de sa réélection.
Il a été annoncé réélu fin juillet pour un troisième mandat, mais l’opposition dénonce une « fraude massive ».

L’annonce de sa victoire a provoqué des manifestations spontanées avec un bilan de 25 morts et 192 blessés, de source officielle.

« Tous les décès survenus dans le cadre de manifestations doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables doivent rendre compte de leurs actes », a exigé M. Türk.

Citant des sources officielles, l’ONU indique que plus de 2.400 personnes ont été arrêtées depuis le 29 juillet 2024.

Dans la plupart des cas documentés par le Haut-Commissariat, les détenus n’ont pas été autorisés à désigner l’avocat de leur choix ou à entrer en contact avec leur famille : « Certains de ces cas s’apparentent à des disparitions forcées ».

Organisations non-gouvernementales

M. Türk demande la « libération immédiate » de toutes les personnes détenues arbitrairement et un « procès équitable pour tous les détenus ».

Des actes de violences contre des responsables et des bâtiments publics ont également été signalés par certains manifestants, indique le Haut-Commissaire.

M. Türk exprime également son inquiétude quant à la possible adoption d’un projet de loi sur la surveillance et le financement des organisations non-gouvernementales, ainsi que d’un autre projet de loi « contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires ».

« J’exhorte les autorités à s’abstenir d’adopter ces lois et toute autre loi qui porte atteinte à l’espace civique et démocratique dans le pays », a indiqué M. Türk, également préoccupé par le fait que certaines personnes ont vu leur passeport « suspendu ».

Le Haut-Commissariat de l’ONU n’a plus de personnel au Venezuela depuis que Caracas lui a demandé de suspendre ses activités en février pour avoir dénoncé l’arrestation d’une militante des droits humains.

En avril, le président vénézuelien a annoncé vouloir rouvrir le bureau, mais « ils n’ont pas encore été autorisés à revenir, les négociations sont actuellement au point mort », a indiqué Mme Shamdasani.

Avec l’AFP

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