Face à la pression démographique et à la crise du logement, le Nigeria veut accélérer la cadence. Le gouvernement fédéral, à travers le ministère du Logement et du Développement urbain, intensifie sa quête de partenaires financiers pour concrétiser son ambitieux programme de logements abordables et de modernisation urbaine.
C’est dans ce contexte que le ministre Ahmed Musa Dangiwa a reçu, à Abuja, une délégation du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (KFAED).
Des pôles industriels à la Cité du Centenaire
Le partenariat espéré se veut stratégique. Au cœur des discussions : le financement d’infrastructures essentielles au logement, mais aussi au développement industriel et urbain.
Parmi les projets phares évoqués figure la création de six hubs de fabrication de matériaux de construction, répartis dans les grandes zones géographiques du pays.
Chaque site, d’une superficie de 200 à 300 hectares, doit accueillir des usines de petite, moyenne ou grande taille capables de produire localement des tôles, carreaux, portes et autres composants, avec l’appui d’infrastructures modernes.
Le ministre a aussi mis en avant la Cité du Centenaire, vaste projet immobilier de plus de 1 200 hectares à Abuja, sur la route de l’aéroport.
Il a sollicité une aide technique et financière pour développer le réseau d’infrastructures (voirie, énergie, eau) de ce futur centre urbain qui ambitionne de regrouper des zones commerciales, résidentielles, touristiques et industrielles.
Moderniser les villes, améliorer les bidonvilles
L’enjeu dépasse toutefois la capitale. Le ministre Dangiwa a présenté au KFAED le programme de modernisation des bidonvilles, qui cible les quartiers informels dans les villes et zones périurbaines.
Financé par le budget de l’an dernier, il a permis le développement de 150 bidonvilles, dont 120 sont déjà achevés, grâce à des travaux sur les routes, le drainage, l’électricité, la santé et l’éducation.
Le partenariat escompté viserait également à soutenir le programme Renewed Hope, qui prévoit la construction de 100 logements dans chacune des 774 collectivités locales du pays.
Le modèle proposé est social : 70 % des logements seraient attribués à des personnes à faibles revenus, qui ne paieraient qu’un tiers de leur revenu mensuel.
Les 30 % restants seraient offerts gratuitement aux plus démunis, personnes déplacées ou à revenus nuls. Problème : l’initiative est actuellement confrontée à de sérieuses contraintes de financement.
Le Koweït pose ses conditions
Conformément à sa politique opérationnelle, le KFAED ne finance pas directement les projets de logement. Mais son directeur général, le Dr Wahad Al-Bahar, a exprimé son intérêt pour les infrastructures sociales et économiques associées, comme les transports, l’éducation ou l’agriculture.
Le Fonds, qui vient de signer un premier accord avec l’État de Kaduna dans le cadre du programme d’aide aux enfants non scolarisés, se dit prêt à envisager d’autres partenariats avec le gouvernement fédéral.
Pour cela, il exige toutefois des études de faisabilité détaillées et à jour, rappelant que le financement de projets est soumis à des analyses rigoureuses.
Il a également rappelé que le KFAED offre des prêts à long terme (20 à 25 ans) à des taux très faibles, avec une approche souple sur les modalités.
« Nous sommes prêts à vous accompagner dans la réalisation ou la mise à jour de vos études de faisabilité », a assuré Dr Al-Bahar, en réponse aux différentes priorités exposées par le ministre nigérian.
Si le Nigeria semble déterminé à répondre à sa crise du logement, l’issue du partenariat dépendra de sa capacité à produire des projets techniquement mûrs et financièrement viables.
La balle est désormais dans le camp d’Abuja, qui devra convaincre par la solidité de ses dossiers pour espérer capter l’attention — et les fonds — du bailleur koweïtien.