L’Égypte observe une nouvelle accélération des prix : l’inflation annuelle a atteint 12,5 % en octobre 2025, contre 11,7 % le mois précédent.
Les chiffres publiés récemment par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques confirment que la pression sur les ménages persiste, bien que le rythme reste très inférieur au pic de 38 % enregistré en septembre 2023.
Le panier alimentaire demeure la principale source de tensions. Les fruits enregistrent une hausse spectaculaire de 32,7 % sur un an. Les céréales et le pain progressent de 4,1 %, les poissons et fruits de mer de 4,5 %, tandis que les huiles alimentaires augmentent de 5,1 %. Les boissons gazeuses et jus flambent à 13,3 %. En octobre, l’indice mensuel des prix à la consommation a bondi de 1,3 % par rapport à septembre, tiré notamment par la hausse des légumes (+12,9 %), des produits laitiers (+1,9 %) et des vêtements (+1,3 %).
Cette remontée intervient alors que l’Égypte applique le programme d’aide financière de 8 milliards de dollars signé avec le Fonds Monétaire International en mars 2024. L’accord, d’une durée de 46 mois, a été signé après plus d’un an de graves pénuries de devises étrangères et une inflation ayant culminé à 38 % en septembre 2023. Le programme vise à stabiliser l’économie, rétablir les équilibres macroéconomiques et maîtriser l’inflation après deux années de turbulences sur le marché des changes et les prix des denrées importées.
Les autorités égyptiennes ont adopté des mesures contraignantes. Dévaluation de la livre égyptienne, hausse des taux d’intérêt à 27,25 % pour les dépôts et 28,25 % pour les prêts, réduction des subventions sur le carburant et l’électricité. Bref, un cocktail austère qui pèse sur le pouvoir d’achat. Le gouvernement espère attirer les investissements étrangers et combler le déficit chronique de devises qui paralyse l’économie depuis des mois.
Les résultats restent mitigés. Selon les données de l’agence, le taux d’inflation annuel pour l’ensemble du pays s’élevait à 10,1 % en octobre 2025, contre 10,3 % en septembre 2025. Cette légère amélioration au niveau national cache des disparités importantes entre zones urbaines et rurales. L’indice global des prix à la consommation a atteint 264,3 points en octobre, marquant une progression constante depuis le début de l’année.
Le contexte régional complique la donne. Les revenus du canal de Suez ont chuté de 40 à 50 % depuis le début de l’année, conséquence directe des attaques menées par les rebelles Houthis en mer Rouge. Cette artère commerciale génère habituellement plusieurs milliards de dollars annuels. Sa paralysie prive Le Caire de ressources vitales en devises étrangères, alors même que le pays importe la majorité de ses denrées alimentaires pour nourrir ses 104 millions d’habitants.
Le Premier ministre Mostafa Madbouly avait annoncé en septembre 2024 un objectif d’inflation inférieur à 10 % fin 2025. Cet horizon semble désormais lointain. La volatilité alimentaire, conjuguée à la faiblesse du pouvoir d’achat et aux contraintes imposées par le FMI, laisse entrevoir plusieurs mois difficiles. Enfin, les marchés émergents scrutent l’évolution de la dette égyptienne, devenue l’une des plus rémunératrices mais aussi des plus risquées du continent. La normalisation des prix, tant espérée, demeure fragile.