Le directeur commercial d’une compagnie aérienne libyenne a été arrêté dans le cadre d’une enquête sur le transfert vers le Nicaragua de migrants désireux d’entrer illégalement aux Etats-Unis, a annoncé le bureau du procureur.
L’affaire porte sur des vols organisés par la compagnie privée Ghadames Air transportant depuis les aéroports de Tripoli et de Benghazi « des centaines de personnes souhaitant entrer sur le territoire des Etats-Unis en transitant par le Nicaragua, en violation des règles migratoires », selon un communiqué publié par le bureau dans la nuit de dimanche à lundi.
Dans le cadre de cette enquête, les autorités ont ordonné « la détention du directeur commercial de Ghadames Air pour s’être livré à une activité préjudiciable aux intérêts du pays », selon la même source.
Ghadames Air « a transporté des centaines de personnes originaires des pays d’Asie de l’est, sans tenir compte des obligations du transporteur aérien et des lois nationales relatives à l’immigration ou des traités internationaux », ratifiés par la Libye, « notamment le Protocole contre le trafic illicite de migrants par voies terrestres, maritimes ou aériennes », a précisé le bureau du procureur.
Selon une enquête publiée fin mai par le journal Le Monde, plusieurs vols charters de la compagnie Ghadames Air ont transporté, depuis Benghazi (est) et Tripoli (ouest) des centaines de migrants asiatiques vers Managua au Nicaragua.
Ghadames Air, à l’instar de la plupart des transporteurs aériens libyens, publics et privés, est interdit d’accès à l’espace aérien de l’Union européenne depuis des années pour des raisons de sécurité.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et divisée entre autorités rivales de l’est et l’ouest, la Libye est devenue une plaque tournante pour des dizaines de milliers de migrants qui, s’ils survivent à la traversée du désert, cherchent à gagner l’Europe par la mer.
Selon les chiffres de l’OIM, plus de 700.000 migrants sont présents sur le territoire libyen, principalement des Nigériens et des Egyptiens.
Mais le ministre de l’Intérieur du gouvernement basé à Tripoli, Imad Trabelsi, a affirmé le 10 juillet que son pays comptait « près de 2,5 millions » d’étrangers, dont « 70 à 80% sont entrés de manière illégale ».
© AVEC AFP