L’étrange secteur d’emploi pris d’assaut par les femmes dans ce pays d’Afrique de l’Ouest

L’étrange secteur d’emploi pris d’assaut par les femmes dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest

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Amaka Okoli, mère de famille de 38 ans, a été contrainte de changer de profession lorsqu’elle a perdu son emploi dans une banque du Nigeria. Elle est devenue conductrice de bus, elle commence généralement sa journée à 05H 30 du matin, l’heure de pointe pour les travailleurs de Lagos, la mégapole nigériane aux 20 millions d’habitants.

« Avant, il était rare de voir une femme chauffeure de bus à Lagos, mais les choses ont évolué, car nous devons gagner notre vie », explique-t-elle à l’AFP avant de renchérir :

« J’ai l’impression d’avoir deux vies. D’un côté, il y a celle de chauffeure de bus, où je dois être audacieuse et attirer les passagers, de l’autre la vie plus tranquille de femme au foyer, prenant soin de mon mari et de mes enfants », a ajouté Mme Okoli.

Les femmes au volant sont plus appréciées que les hommes

Les chauffeurs hommes consomment souvent de l’alcool et des boissons énergisantes pour faire face à la fatigue et au stress liés aux embouteillages, ce qui entraîne une conduite erratique et des infractions aux limitations de vitesse.

En raison de cette situation, « les passagers préfèrent désormais monter dans des bus conduits par des femmes, car elles sont jugées plus propres et plus prudentes au volant », estime Amaka Okoli.

Les excès de vitesse ont causé environ 56% des accidents de la route entre janvier et juin 2024, selon l’agence nationale pour la sécurité routière.
Mais les revenus modestes générés par cette activité ne satisfont pas Amaka Okoli.

« Je pleure souvent au travail, surtout quand mon bus est saisi et que je dois utiliser tout mon argent pour payer l’amende. Je rentre chez moi les mains vides », raconte Mme Okoli.

Soixante pour cent des revenus quotidiens de cette mère de trois enfants sont consacrés à couvrir les taxes journalières, les bakchichs aux agents de la circulation et l’achat de carburant.
Mais le métier, même accompagné de son lot de difficultés, est « mieux que de rester au chômage », a-t-elle concédé.

Nigeria : une tempête économique chamboule le marché de l’emploi

Selon plusieurs experts et professionnels du secteur des transports, la conjoncture économique actuelle du Nigeria pousse de plus en plus de femmes à se lancer en tant que conductrices de bus et de VTC. Le Nigeria traverse actuellement l’une de ses pires crises économiques depuis des décennies.

Le coût de la vie a considérablement augmenté dans le pays le plus peuplé d’Afrique depuis que le président Bola Tinubu, élu en 2023, a mis fin aux subventions sur les carburants et au contrôle des devises.

Ces bus privés, appelés « Korope » ou « Danfo », emblématiques du paysage lagotien, transportent environ 10 millions de passagers chaque jour, selon une étude réalisée par l’autorité de transport métropolitain de Lagos au Nigeria (LAMATA) en 2015.

Avec la hausse du nombre de femmes chauffeures de bus et de VTC, dont les plus connues au Nigeria Uber et Bolt, l’association nigériane Ladies on Wheels (« des femmes sur roues » en français, ndlr) compte aujourd’hui plus de 5.000 membres, contre seulement six à sa création en 2018. Les transports sont donc devenus un domaine pourvoyeur d’emploi pour les femmes.

Avec AFP.

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