L’Union européenne vient de dévoiler sans détours sa stratégie pour réduire sa dépendance aux importations chinoises de minéraux critiques : avoir un peu plus la main sur les ressources minières en Afrique.
En effet, avec une dépendance actuelle atteignant 100% pour certains minerais stratégiques, Bruxelles se tourne résolument vers l’Afrique, détentrice de 30% des réserves mondiales.
L’adoption en 2024 de la loi européenne sur les matières premières critiques marque un tournant décisif.
L’objectif est clair. Il s’agit de ramener la dépendance envers un fournisseur unique à un maximum de 65%.
Cette ambition place l’Afrique au cœur d’une nouvelle dynamique d’approvisionnement, particulièrement en République démocratique du Congo et en Namibie.
Cependant, la présence européenne sur le continent africain reste paradoxalement faible face à la domination chinoise et l’émergence de nouveaux acteurs comme la Corée du Sud ou le Japon.
Les entreprises européennes, contraintes par des normes ESG strictes, peinent à rivaliser avec leurs concurrents internationaux moins regardants sur ces aspects.
Le paradoxe est saisissant. Et pour cause, alors que l’Union européenne multiplie les initiatives sur les ressources minières d’Afrique comme le Corridor de Lobito, ses efforts institutionnels ne se traduisent pas encore par une présence significative sur le terrain.
Le manque de soutien structurel et d’incitations financières freine l’engagement du secteur privé européen.
Quelques succès émergent néanmoins, comme l’illustre l’accord entre le belge Umicore et la Gécamines pour le traitement du germanium en RDC.
Ces initiatives isolées témoignent du potentiel d’un partenariat mutuellement bénéfique entre l’Europe et l’Afrique.
La situation actuelle révèle un déséquilibre flagrant : entre 2019 et 2023, l’Afrique n’a capté que 2,8% des investissements directs étrangers dans la transformation des minéraux critiques.
Ce chiffre contraste fortement avec ses 30% de réserves mondiales. L’enjeu pour le continent africain dépasse la simple extraction : il s’agit désormais de participer pleinement à la chaîne de valeur, au-delà du rôle d’exportateur de minerais bruts.