Le Conseil malaisien de l’huile de palme prévoit une augmentation des cours dans les semaines à venir. La tonne pourrait atteindre 4 500 ringgits, soit 1 082 dollars, sur le Bursa Malaysia Derivatives Exchange avant la fin de l’année. Dans le scénario le moins favorable, les prix oscilleraient entre 4 100 et 4 200 ringgits. Une projection qui concerne directement l’huile végétale la plus consommée au monde.
Le communiqué publié jeudi 20 novembre par l’organisme public pointe plusieurs facteurs. D’abord, une demande d’importation stable à l’approche du Nouvel An chinois et du ramadan. Ensuite, des perspectives d’offre moins favorables dans les prochains mois. Les analystes scrutent ces données de près.
« La production exceptionnellement élevée observée entre juillet et octobre 2025 laisse également présager une baisse saisonnière plus marquée qu’à l’accoutumée en décembre et au premier trimestre 2026, les palmiers à huile entrant dans leur phase biologique de repos », précise le Conseil. La mousson arrivée à la mi-novembre complique déjà les opérations de récolte. Les camions peinent à circuler dans les exploitations. Bref, un contexte difficile.
L’essentiel de la production mondiale provient de deux nations : l’Indonésie et la Malaisie. Les deux pays représentent plus de 80 % de l’offre globale. Or, la politique indonésienne en matière de biocarburants crée des incertitudes sur les marchés. Jakarta a annoncé son intention de déployer un programme B50 d’ici le second semestre 2026. Ce nouveau mélange contiendra 50 % d’huile de palme contre 40 % actuellement. Cette politique absorberait davantage de production locale et réduirait mécaniquement les volumes exportables.
Les cours évoluent depuis début novembre dans une fourchette comprise entre 4 109 et 4 226 ringgits. Oil World, cabinet de référence basé à Hambourg, anticipe même un franchissement du seuil de 5 000 ringgits d’ici six mois. Les incertitudes entourant la filière indonésienne justifient selon l’analyste allemand cette estimation haussière. Le marché reste donc sous tension.
Les conséquences se font déjà sentir en Afrique. L’Égypte et le Kenya, premiers et deuxièmes importateurs du continent, observent une augmentation de leur facture d’approvisionnement. Les deux pays achètent annuellement des volumes dépassant largement leurs besoins domestiques pour constituer des réserves stratégiques. Au Bénin, les prix ont grimpé en octobre dernier. Le bidon de 25 litres s’échangeait entre 35 000 et 40 000 francs CFA contre 21 000 à 23 000 francs quelques semaines plus tôt. Une hausse de près de 70 %.
Selon la Banque mondiale, les prix de la tonne devraient augmenter de 4,4 % d’ici la fin de l’année 2024. L’institution financière cite la baisse de production attendue en Indonésie et les pertes de récoltes dans certains pays producteurs d’Amérique centrale. En Malaisie, la production a reculé à 1,62 million de tonnes en novembre, son plus bas niveau depuis 2020. Les exportations ont chuté de 14,7 % en glissement annuel à 1,49 million de tonnes d’après l’Office malaisien de l’huile de palme.
Le vieillissement des plantations constitue un problème structurel pour les deux géants asiatiques. Les rendements diminuent progressivement. Les autorités indonésiennes évoquent également les conséquences de la sécheresse qui a affecté les palmiers en 2023 et 2024. Les palmiers nécessitent plusieurs années avant de retrouver une production optimale. Enfin, les pluies torrentielles enregistrées récemment en Malaisie et à Sumatra perturbent les cycles de récolte. Les spécialistes surveillent attentivement l’évolution du phénomène climatique La Niña qui accentue généralement les précipitations dans la région.