Les États-Unis veulent mettre 283 milliards dans le cobalt de ce pays africain

Cobalt États-Unis 283 milliards RDC

Crédits photo : Wikipedia / @ Heinrich Pniok

Les États-Unis préparent un retour remarqué sur le marché du cobalt avec pas moins de 283 milliards à investir dans un seul pays. L’Agence de logistique de défense américaine envisage en effet de relancer fin novembre un appel d’offres de 500 millions de dollars, soit environ 283 milliards de francs CFA. Une somme colossale pour sécuriser les approvisionnements d’un métal devenu stratégique.

Cette annonce intervient alors que la République démocratique du Congo vient de lever l’embargo qu’elle avait imposé en février sur les exportations de cobalt. Kinshasa contrôle près de 70% de la production mondiale de ce minerai bleu. Les autorités congolaises ont remplacé l’interdiction totale par un système de quotas qui redistribue les cartes du marché international.

Un premier appel d’offres avorté

Washington avait déjà tenté sa chance en août dernier. Le département de la Défense cherchait à acquérir 7 500 tonnes de cobalt sur cinq ans. Les fournisseurs visés comprenaient des filiales du canadien Vale, du japonais Sumitomo et la raffinerie norvégienne Nikkelverk, propriété du suisse Glencore.

L’appel d’offres n’a jamais abouti. Les autorités américaines l’ont annulé en octobre après avoir repoussé plusieurs fois la date limite de dépôt des offres. Le motif invoqué reste flou. Des « problèmes en suspens » nécessitaient d’être résolus avant toute nouvelle consultation, selon un communiqué officiel.

La question de la « vérification des sources » figurait parmi les préoccupations. Bref, le Pentagone voulait s’assurer de l’origine exacte du métal acheté. Un détail qui prend tout son sens quand on sait que Glencore tire l’essentiel de sa production des mines Kamoto et Mutanda en RDC.

La RDC impose ses règles

Le timing de la relance américaine n’a rien d’anodin. La RDC a officiellement mis fin le 15 octobre à son embargo sur le cobalt. Le président Félix Tshisekedi avait décrété cette suspension en février face à l’effondrement des cours. Le prix atteignait alors 21 000 dollars la tonne sur la bourse de Londres.

Sept mois plus tard, les prix ont plus que doublé. Le cobalt se négociait à 42 725 dollars la tonne le 12 octobre selon l’Agence Ecofin. Les nouvelles règles congolaises limitent désormais les exportations à 18 125 tonnes jusqu’à fin 2025. Pour 2026 et 2027, le plafond annuel s’établira à 96 600 tonnes.

L’Autorité de régulation des marchés des substances minérales stratégiques conserve 10% de ces quotas. Elle peut les attribuer à des projets jugés prioritaires. Glencore, premier producteur occidental encore présent en RDC, a reçu une autorisation d’exporter 3 925 tonnes pour le reste de 2025.

Une dépendance qui inquiète

Les États-Unis n’avaient plus acheté de cobalt pour leurs stocks stratégiques depuis 1990. Le budget et les priorités de l’après-guerre froide avaient conduit l’Agence de logistique de défense à liquider ses réserves plutôt qu’à les reconstituer.

Le contexte a radicalement changé. La Chine domine aujourd’hui le raffinage du cobalt et possède des parts dans plus des deux tiers des mines congolaises. Le géant CMOC, premier producteur mondial depuis 2023, a obtenu un quota d’exportation de 6 500 tonnes pour fin 2025.

Washington tente de réduire cette dépendance. Le Congrès a alloué 2 milliards de dollars à l’Agence de logistique de défense pour reconstituer des stocks de minerais critiques. Enfin, voilà qui explique l’ampleur de l’enveloppe prévue pour le cobalt.

Le métal entre dans la composition de superalliages pour turbines, d’aimants permanents résistant aux hautes températures et de systèmes de guidage. Les besoins civils ont explosé avec la transition énergétique. Les batteries des véhicules électriques consomment désormais plus de cobalt que l’industrie aérospatiale.

Des prix qui grimpent

Les opérateurs du marché scrutent la prochaine tentative américaine. Les fournisseurs devront proposer des prix fixes sur cinq ans. Un exercice périlleux dans un contexte de volatilité extrême. Les cours ont progressé de 42% en 2025 selon plusieurs analyses.

La demande mondiale devrait augmenter de 8% par an d’ici 2030. Le système de quotas congolais vise précisément à empêcher les effondrements de prix qui ont marqué les années 2022-2024. Kinshasa veut jouer le rôle de l’OPEP pour le cobalt.

Cette stratégie comporte des risques. Certains constructeurs automobiles accélèrent déjà leurs recherches vers des batteries moins gourmandes en cobalt. D’autres explorent des technologies alternatives pour contourner la dépendance congolaise.

Les autorités de la RDC parient sur autre chose. Elles espèrent que les quotas forceront les acheteurs à investir dans des raffineries locales. Moins de 10% du cobalt produit au Congo est actuellement transformé sur place. La marge générée par le raffinage peut atteindre 300% par rapport à l’exportation de minerai brut.

Le nouvel appel d’offres américain devrait être lancé avant fin novembre. L’attribution finale est attendue pour février 2026. Entre-temps, les négociations bilatérales s’intensifient. Washington cherche à sécuriser son approvisionnement. Kinshasa veut maximiser les retombées de ses ressources naturelles. Le bras de fer ne fait que commencer.

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