La situation financière du Cameroun suscite l’inquiétude des analystes aux États-Unis.
En effet, dans une note publiée le 21 février dernier, l’agence de notation Moody’s a émis un diagnostic préoccupant sur la capacité de remboursement du pays dirigé par Paul Biya.
Si cette analyse « n’annonce pas une mesure de notation de crédit », selon les précautions d’usage de l’institution financière, elle révèle néanmoins un tableau économique fragile pour cette puissance régionale d’Afrique centrale.
Les raisons derrières les craintes des États-Unis envers le Cameroun
Le durcissement des conditions de financement, tant sur le plan national qu’international, constitue la première source d’inquiétude identifiée par Moody’s.
Cette contrainte, conjuguée à une gestion de la dette et de la trésorerie jugée approximative, fragilise considérablement la position camerounaise sur les marchés.
« Les niveaux de liquidité du gouvernement sont vulnérables aux chocs des prix mondiaux des carburants, aux dépenses de sécurité non budgétisées, aux entreprises publiques en difficulté financière », précise l’agence américaine dans son analyse.
La note Caa1 attribuée au Cameroun depuis août 2023 reflète cette précarité.
Ce déclassement était intervenu après deux incidents de paiements tardifs envers la Banque européenne d’investissement.
Bien que mineurs, ces retards sont interprétés par les analystes de Moody’s comme révélateurs d’une fragilité structurelle dans la gestion budgétaire camerounaise, laissant craindre leur répétition.
L’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025 ajoute une dimension politique à ces inquiétudes économiques.
L’agence américaine évoque explicitement le risque d’une « transition désordonnée » du pouvoir, après plus de quatre décennies de présidence Biya.
Cette incertitude politique, amplifiée par l’instabilité persistante dans les régions anglophones et à l’extrême-Nord du pays, constitue un facteur aggravant pour la confiance des investisseurs.
Toutefois, le tableau n’est pas uniformément sombre. Le Cameroun dispose d’atouts non négligeables pour maintenir sa crédibilité financière.
L’agence américaine souligne notamment la capacité du pays à conserver le soutien des institutions financières internationales, un élément crucial dans le contexte actuel.
Par ailleurs, le niveau d’endettement public demeure relativement modéré, à environ 40% du PIB, offrant une marge de manœuvre théorique aux autorités camerounaises.
Au final, pour le Cameroun, cette mise en garde des États-Unis sonne comme un avertissement à mettre en œuvre des réformes structurelles urgentes.
Et ce, au risque de voir sa situation financière se détériorer davantage et son accès aux marchés internationaux se restreindre considérablement.