En cette fin de décembre 2024, les États-Unis portent un coup dur à l’Éthiopie en la maintenant hors de la liste des pays éligibles à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA).
Cette décision, annoncée par le Bureau du représentant américain au commerce, réduit à néant les espoirs de la nation est-africaine de réintégrer cet accord commercial.
Malgré les efforts diplomatiques déployés par Addis-Abeba, notamment des discussions en juillet avec des responsables américains pour envisager des modifications à l’AGOA, la suspension de l’Éthiopie reste en place, prolongeant ainsi les sanctions économiques imposées par les États-Unis à la suite du conflit au Tigré.
La décision de maintenir l’Éthiopie en dehors de l’AGOA est un revers majeur pour son économie. En effet, le président Joe Biden avait signé un décret exécutif en novembre 2021 retirant l’Éthiopie de l’AGOA suite à l’escalade de la guerre au Tigré, invoquant des « violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus ».
Cette exclusion a entraîné la fermeture de nombreuses entreprises étrangères opérant dans les parcs industriels éthiopiens, ces dernières ayant principalement ciblé l’Éthiopie en raison de son éligibilité à l’AGOA.
L’impact économique est conséquent, affectant selon le gouvernement éthiopien « les moyens de subsistance de plus de 200 000 ménages à faible revenu, principalement des femmes ».
La position des États-Unis est donc perçue comme une « bombe » économique aux conséquences dévastatrices.
L’Éthiopie, qui qualifie la décision américaine de « malavisée », espérait un assouplissement des sanctions après la signature de l’accord de paix avec la région du Tigré en novembre 2022.
Le pays avait engagé un cabinet de lobbying, Squire Patton Boggs, pour plaider sa cause auprès de l’administration Biden.
Le cabinet avait notamment mis en avant les efforts de paix du Premier ministre Abiy Ahmed, soulignant que le maintien des sanctions pénaliserait surtout les femmes et les enfants.
L’argument n’a pas convaincu, et les États-Unis maintiennent leur position, alignant de facto l’Éthiopie sur les régimes issus de coups d’État en Afrique de l’Ouest.
Malgré la levée par Washington de la qualification de « violations flagrantes » des droits de l’homme en Éthiopie, ouvrant la voie à un renouvellement de l’aide économique américaine et au déblocage du soutien du Fonds Monétaire International (FMI) – l’Éthiopie a obtenu une enveloppe de 3,4 milliards de dollars du FMI en juillet – la situation politique et sécuritaire dans le pays reste préoccupante.
Les tensions persistantes avec les milices qui ont combattu aux côtés du gouvernement contre le TPLF au Tigré, ainsi que la pression de la diaspora américaine, ont pesé dans la balance.
Les États-Unis semblent privilégier une approche prudente, conditionnant un retour de l’Éthiopie dans l’AGOA à des progrès significatifs en matière de paix, de sécurité et de respect des droits de l’homme.