Les États-Unis ont annoncé ce mardi 22 avril 2025 leur intention d’éliminer l’ensemble des colorants alimentaires artificiels actuellement autorisés sur leur territoire.
La mesure a été rendue publique par l’administration de Donald Trump. Elle bénéficie d’ailleurs d’un rare consensus politique entre démocrates et républicains.
« L’agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA) supprime de facto tous les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux États-Unis », a déclaré Marty Makary, nouveau directeur de la FDA, lors d’une conférence de presse.
Au total, huit colorants synthétiques, tous dérivés du pétrole et suspectés d’effets néfastes sur la santé, seront progressivement interdits d’ici fin 2026.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du programme « Make America Healthy Again » porté par l’administration Trump.
« Au cours des 50 dernières années, les enfants américains ont vécu de manière toujours plus importante dans une soupe toxique de produits chimiques artificiels », a souligné M. Makary, citant des études associant ces additifs à l’hyperactivité, au diabète et à certains cas de cancer.
Cette décision fait suite à l’annonce, mi-janvier 2025, par la précédente administration démocrate, de l’interdiction du colorant « Red 3 » (E127 en Europe) dans les denrées alimentaires, un additif connu depuis plus de trois décennies pour provoquer des cancers chez les animaux.
Parmi les colorants désormais visés figurent le « Red 40 » (E129 en Europe), le « Yellow 5 » (E102) et le « Yellow 6 » (E110), largement utilisés par l’industrie agroalimentaire.
Selon Peter Lurie, président de l’association de défense des consommateurs Center for Science in the Public Interest (CSPI), ces additifs se retrouvent dans des milliers de produits alimentaires comme les bonbons, les céréales, les sauces et les boissons.
« Aucun d’entre eux n’a de valeur nutritionnelle », explique M. Lurie. « Ils ne servent en réalité qu’à induire en erreur, à faire paraître les aliments plus rouges, plus bleus, plus fruités ou plus attrayants qu’ils ne le sont en réalité », et ce dans un objectif purement commercial.
Le plan d’action de la FDA comprend plusieurs volets : l’établissement d’un calendrier national pour la transition vers des alternatives naturelles, la révocation imminente de l’autorisation pour deux colorants synthétiques (Citrus Red No. 2 et Orange B), l’élimination des six colorants restants d’ici fin 2026, et l’autorisation de quatre nouveaux colorants naturels dans les semaines à venir.
« Pendant trop longtemps, certains producteurs alimentaires ont nourri les Américains avec des produits chimiques à base de pétrole sans leur connaissance ou consentement », a déclaré Robert F. Kennedy Jr., secrétaire du Département de la Santé et des Services sociaux (HHS). « Ces composés toxiques n’offrent aucun bénéfice nutritionnel et présentent des dangers réels et mesurables pour la santé et le développement de nos enfants. Cette ère touche à sa fin. »
L’agence fédérale accélère également l’examen de plusieurs alternatives naturelles aux colorants synthétiques, comme le phosphate de calcium, l’extrait bleu de Galdieria, le bleu de gardénia et l’extrait de fleur de pois papillon. Des mesures d’accompagnement sont prévues pour faciliter la transition des industriels.
« Aujourd’hui, la FDA demande aux entreprises alimentaires de substituer les colorants pétrochimiques par des ingrédients naturels pour les enfants américains, comme elles le font déjà en Europe et au Canada », a précisé M. Makary. « Nous sommes confrontés à une nouvelle épidémie de diabète infantile, d’obésité, de dépression et de TDAH. Compte tenu des préoccupations croissantes des médecins et des parents concernant le rôle potentiel des colorants alimentaires à base de pétrole, nous ne devrions pas prendre de risques et faire tout notre possible pour protéger la santé de nos enfants ».
En partenariat avec le Programme de recherche et de science réglementaire en nutrition des Instituts nationaux de la santé (NIH), la FDA renforcera la recherche liée à la nutrition et à l’alimentation pour mieux éclairer les décisions réglementaires.
Cette décision des États-Unis pourrait influencer d’autres pays et pousser l’industrie agroalimentaire mondiale à accélérer sa transition vers des alternatives plus naturelles, répondant ainsi à une demande croissante des consommateurs pour des produits plus sains et moins transformés.